Les conflits sociaux cartographiés à l’heure du Covid-19

C’est l’objectif que s’est donné le collectif Covid-entraide en réalisant cette carte participative. Il y recense les grèves, droits de retrait et autres formes de résistance de travailleuses et de travailleurs depuis le début de la pandémie.

Pauline Josse  • 1 mai 2020
Partager :
Les conflits sociaux cartographiés à l’heure du Covid-19
© Photo : Thomas SAMSON / AFP

Gio est un des membres du collectif Covid-entraide. Avec une poignée d’autres militants politiques et de syndicalistes, ils ont réalisé que, pendant le confinement, les luttes dans le monde du travail devaient être mises en perspective pour comprendre leur ampleur.

Quel constat vous a conduits à penser cette cartographie ?

Gio : Dans le collectif Covid-entraide nous avons tous un travail à côté, moi par exemple dans l’éducation. Et déjà avant le confinement on sentait monter dans différents corps de métier une inquiétude grandissante, qui se manifestait sous forme de colères et de résistances diffuses. Ces résistances-là n’ont rien d’habituel parce qu’elles ne sont pas organisées, structurées comme les mouvements sociaux comme on a l’habitude d’en connaître en France. On a donc ressenti le besoin d’avoir une vue d’ensemble sur ces résistances, qui dépassent complètement les bastions habituels du syndicat.

Comment avez-vous procédé pour recenser ces résistances ?

On s’est principalement reposé sur le réseau des membres du collectif, qu’il soit syndical ou politique. On a aussi réalisé une importante veille de la presse, surtout de la presse locale. Désormais, cette carte est participative pour permettre de développer des relais locaux.

Comment définiriez-vous l’objectif principal de cette cartographie ?

Son objectif est de donner à voir les inquiétudes dans le monde du travail, et montrer qu’elles sont réelles, grandes, partagées. Qu’il ne faut pas avoir le sentiment d’être seul avec ses craintes, ou ridicule. Elles sont légitimes. De façon plus politique, ces luttes racontent l’incurie de l’État et des directions des entreprises, notamment en termes de matériel mis à disposition pour protéger les salariés du virus.

Quelle pérennité pour cette carte après le confinement ?

On pense justement que les items sur la carte vont exploser à partir du 11 mai, c’est presque une certitude pour moi qui travaille dans l’enseignement par exemple. Par peur de contaminer des proches ou d’être soi-même contaminé, faute de protection adéquate, beaucoup de travailleuses et de travailleurs sont déterminés à ne pas retourner au travail. Cette détermination n’a rien d’habituel et doit être racontée.

Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Au Blanc-Mesnil, qui veut déraciner les Tilleuls ?
Reportage 9 juillet 2025 abonné·es

Au Blanc-Mesnil, qui veut déraciner les Tilleuls ?

Ce quartier populaire de Seine-Saint-Denis doit être transformé en profondeur. Mais, face à une municipalité qui prône un « rééquilibrage » de sa sociologie, les 10 000 habitants se sentent dépossédés de ce projet de rénovation urbaine qui fait tout pour les faire partir.
Par Névil Gagnepain
« Les députés qui voteront pour la loi Duplomb voteront pour le cancer »
Entretien 7 juillet 2025 abonné·es

« Les députés qui voteront pour la loi Duplomb voteront pour le cancer »

Porte-parole de l’association Avenir Santé Environnement, Franck Rinchet-Girollet est le père d’un enfant de 8 ans en rémission d’un cancer. Il exhorte les députés à voter contre la très contestée loi Duplomb, votée mardi 8 juillet à l’Assemblée nationale.
Par Pierre Jequier-Zalc
Cathos intégristes et écoles privées : le véritable « entrisme »
Parti pris 7 juillet 2025

Cathos intégristes et écoles privées : le véritable « entrisme »

Alors que le gouvernement poursuit ses obsessions islamophobes, la question politique du rôle de l’Église catholique dans la perpétuation des violences sur mineurs est sans cesse écartée. Une laïcité à géométrie variable, qui condamne des milliers d’enfants chaque année.
Par Thomas Lefèvre
Bétharram : derrière les défaillances de l’État, le silence complice de l’Église
Analyse 7 juillet 2025 abonné·es

Bétharram : derrière les défaillances de l’État, le silence complice de l’Église

Alors que le rapport d’enquête sur les violences dans les établissements scolaires a été rendu public le 2 juillet, la responsabilité de l’Église a été mise de côté. Pourtant, la majorité des violences sont commises au sein des établissements privés catholiques.
Par Élise Leclercq