Nicolas Laureau sur son nuage

Projet solo du musicien parisien Nicolas Laureau, A Beautiful Cloud distille en dix chansons un rock aventureux et vaporeux.

Jérôme Provençal  • 15 septembre 2021 abonné·es
Nicolas Laureau sur son nuage
© Celine Guillerm

Compositeur, parolier, multi-instrumentiste et chanteur, Nicolas Laureau évolue dans le circuit du rock indépendant français depuis trente ans, en contact étroit avec son frère, Fabrice Laureau. Codirigeant le label Prohibited Records, fondé en 1995, les deux frères ont par ailleurs fait équipe (avec d’autres acolytes) au sein de Prohibition, gang majeur du post-rock hexagonal, avant d’impulser NLF3, nouveau groupe orienté vers un rock instrumental aérien et fugueur – dont l’excellent dernier album en date, ABCDEFG HI !, est sorti en août 2020.

Son goût de l’exploration amène aussi Nicolas Laureau à s’aventurer dans d’autres champs artistiques, par exemple aux côtés du vidéaste Pierrick Sorin. Plus récemment, il s’est engagé dans une collaboration stimulante avec le danseur Yves Musard. En parallèle de ces projets collectifs, il creuse sous l’alias Don Nino un sinueux sillon solitaire, quelque part entre (néo-)folk, (post-)rock et pop atmosphérique.

Ayant amorcé sa discographie solo en 2001 avec l’album Real Seasons Make Reasons, il l’enrichit à présent d’un nouvel album (son septième), intitulé A Beautiful Cloud. Ce dernier a pris forme de manière très spontanée en mai 2020, au sortir du premier confinement. Nicolas Laureau – installé de longue date en région parisienne – s’est alors rendu dans une petite maison familiale près de la forêt de Lyons (Eure), qui lui sert de refuge régulier.

« J’aime beaucoup aller là-bas car j’arrive toujours à m’y ressourcer et à y trouver l’inspiration, nous confie le musicien. Quand j’y suis allé en mai 2020, j’avais surtout apporté des pinceaux et de la peinture car j’étais plutôt parti avec l’idée de peindre. Je peins de temps en temps, depuis longtemps. Le geste de peindre me fait beaucoup de bien, physiquement et mentalement. »

Plusieurs toiles ont ainsi été réalisées lors de cette mise au vert. Nicolas Laureau s’est pourtant vite mis à faire de la musique, sans but prédéterminé. Ayant aussi emporté une guitare et quelques pédales d’effets, il disposait en outre de divers instruments présents dans la maison, dont une batterie japonaise vintage.

En quatre jours, Nicolas a esquissé quatorze morceaux, tous construits à partir d’une base rythmique minimaliste. Il a ensuite refait certaines prises (notamment de voix) et peaufiné l’ensemble. En fin de processus, Fabrice lui a prêté main (et oreille) forte pour le mixage et le mastering. Achevé en mai 2021, A Beautiful Cloud contient dix chansons (toutes en anglais), qui évoquent les rapports humains, notamment amoureux, et témoignent aussi de la situation d’exception provoquée par la pandémie de covid-19.

Exhalant un rock subtilement hétérodoxe, à la fois gracile et intranquille, sur lequel planent notamment les ombres de Lou Barlow et de deux grands Robert (Wyatt et Smith), l’album – auquel l’intense chanson-titre offre une ouverture idéale – nous enveloppe tout du long dans une palpitante nébuleuse.

A Beautiful Cloud,Don Nino, Prohibited Records/L’Autre Distribution

Musique
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