« Carpe Noctem », de Leo Blomov : Airs songeurs

Sur son premier album, Carpe Noctem, Leo Blomov exhale une très séduisante pop planante, aussi raffinée que décalée.

Jérôme Provençal  • 5 janvier 2022 abonné·es
« Carpe Noctem », de Leo Blomov : Airs songeurs
© Ivan Perek

Originaire de Reims et prénommé Léopold, un jeune musicien français – qui a fait ses gammes au conservatoire de Reims – se cache derrière Leo Blomov, avatar scénique s’inspirant joliment d’Oblomov. -Protagoniste éponyme du fameux roman de l’écrivain russe Ivan Gontcharov, ce dernier cultive avec une obstination impavide le droit (fondamental) à la paresse et traverse la vie en rêvant, amarré à son divan bien-aimé. «J’aime beaucoup le livre et je me sentais très proche du personnage lorsque j’ai démarré ce projet musical en 2018 », commente Leo Blomov.

Son premier album, Carpe Noctem, rassemble douze morceaux – neuf chansons (huit en français, une en anglais, aucune en latin) et trois instrumentaux – qui proviennent de périodes différentes, la majorité datant de 2018. Il a pu être finalisé en partie « grâce » aux confinements imposés par la pandémie de covid-19 entre le printemps 2020 et le printemps 2021.  «Ils m’ont permis d’avoir du temps pour réfléchir, de prendre du recul, de mûrir le projet et de mettre en forme un album », précise ainsi Leo Blomov.

D’emblée, l’on est amené à léviter au-delà du réel avec « Carpe Noctem », l’irrésistible chanson titre, placée en ouverture, qui apparaît comme un hymne à la nuit et à la procrastination – voire à la procrastination de nuit. « Il fait déjà nuit, ça y est, c’est fichu. Pour les trucs à faire, on verra demain ou plus tard», y entend-on notamment. Aussi enjôleuse, la cinquième chanson nous fait flotter, quant à elle, vers « La Planète des songes », parsemée de phrases telles que «Laissons-nous divaguer dans nos pensées oniriques, où la vie devient exotique. »

Conciliant élégance et précision, au niveau tant textuel que musical, l’album évolue tout du long dans une atmosphère ouatée, aux textures sonores arrangées avec une extrême subtilité. Lâchées d’une voix nonchalante, en mode parlé-chanté, les paroles doucement ironiques glissent sur un lit moelleux de pop en apesanteur, où apparaissent parfois de serpentins motifs brésiliens (multi-instrumentiste, le garçon joue notamment du cavaquinho, petite guitare typique de la musique brésilienne).

Dans le sillage de Pierre Barouh, Pierre Vassiliu, Henri Salvador ou, plus récemment, -Philippe Katerine et Barbara Carlotti, Leo Blomov se révèle un drôle de ménestrel, la tête dans les étoiles, cheminant résolument hors des sentiers battus.

Carpe Noctem****, Leo Blomov, Label Attitude/Believe, leoblomov.bandcamp.com

Musique
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