ESS : de la vigilance (démocratique) en vacances !

Quelle que soit la période, il y a des actualités ESS en ces vacances. Des bonnes et des carrément mauvaises.
A coup sûr la clarification effectuée par Hugues Sibille sur l’économie dite « collaborative » et son invitation à réagir adressée par l’ESS est du côté des bonnes.
Du côté des mauvaises, une nouvelle mise en cause d’une banque coopérative sur un dispositif d’évasion fiscale. On pourrait s’y habituer mais désolé nous ne nous y habituons pas.

Jean-Philippe Milesy  • 30 juillet 2015
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On entends beaucoup parler d’économie « collaborative » ces derniers mois.
Des articles, des sujets des médias audio-visuels mettent l’accent sur la « révolution » que représenteraient les « Airbnb » et autres « Uber » dont les plateformes de mise en relation directe d’acteurs investis pour l’occasion de vertus « collaboratives », le circuit-court ainsi établi, émanciperaient les consommateurs d’intermédiaires professionnels.

Les circuits-courts, l’échange n’ont pas, on le voit icic, de valeurs intrinsèques. Derrière Airbnb et Uber et les concurrents qui fleurissent désormais, il y a des intérêts financiers considérables d’autant plus pervers qu’ils sont dissimulés aux yeux des yupies utilisateurs.

C’est ce qu’Hugues Sibille, fort opportunément, dénonce dans une très claire tribune publiée par le quotidien « La Croix »
http://www.la-croix.com/Actualite/France/Affaire-Uber-economie-collaborative-et-economie-cooperative-ne-sont-pas-synonymes-2015-07-20-1336199.

S’il dénonce un amalgame douteux, Hugues Sibille nous invite aussi, militants de l’ESS, à nous emparer des outils si bien utilisés par les financiers. Il propose un champ nouveau à l’activité coopérative.
_ A suivre donc

Voilà pour l’actualité positive.

Côté obscur maintenant, à nouveau une banque coopérative à travers l’activité d’une de ses filiales.
_ Nous avons souvent souligné les tensions qui pouvaient exister au sein du Crédit Mutuel entre les forces coopératives, les Caisses locales et certains de ses dirigeants et la machine banalisée qui se développe notamment depuis le rachat du CIC, et avec l’arrivée à la tête de la Caisse centrale de Michel Lucas.
_ Ce sont les remous provoqués par la prise de pouvoir de Vincent Bolloré au sein de Canal+ qui ont conduit à mettre au devant de la scène des activités d’optimisation fiscale (selon le langage châtié), dans les faits d’évasion fiscale d’une filiale du Crédit Mutuel, la banque qui aurait garanti la reprise de Canal+ par Vivendi.

Vincent Bolloré a en effet censuré brutalement un documentaire (qui devrait être programmé à l’automne sur FR3) sur des errements de la banque coopérative.
http://www.mediapart.fr/journal/france/290715/canal-vincent-bollore-censure-un-documentaire-sur-le-credit-mutuel?page_article=2

Faut-il le rappeler, les banques coopératives n’ont pas vocation à devenir des banques d’affaire au profit des grandes sociétés financières mais à assurer le crédit à leurs coopérateurs, voire aux acteurs de l’économie réelle les PME et TPE en particulier dont l’émergence et le développement ont fondé ces banques.

En outre les liens de Vincent Bolloré (Vivendi, Canal+) avec Michel Lucas qui a créé avec EBRA le groupe dominant de la presse écrite de l’Est français, témoignent du contrôle croissant par les financiers des médias, (par ailleurs illustré par les gesticulations de Patrick Drahi, dont l’Etat admet les acquisitions ou les tentatives d’acquisitions sur l’accroissement démesuré de la dette de son groupe, déjà très importante).

Poudre aux yeux des consommateurs, trahison des coopérateurs, concentration des médias, c’est la démocratie qui trouve difficilement son compte dans tout cela.

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