Écologie : trop vague !

Joo Zimmermann est présidente de l’association Les Amis
de la terre,
et animatrice de l’association Interafocg,
qui propose des formations aux agriculteurs.

Joo Zimmermann  • 15 février 2007 abonné·es

Ségolène Royal veut « faire de la France le pays de l’excellence environnementale ». De fait, les mesures annoncées tranchent avec la tiédeur de précédents candidats socialistes, et les enjeux semblent compris. Mais la candidate reste vague sur bon nombre de dossiers, et muette sur certains, comme la défense de la diversité biologique ou la pollution de l’espace par la publicité. Pas évoqué, non plus, le moratoire sur la culture des OGM (inclus dans ses cent propositions). Ce programme est loin de remettre en cause le modèle économique : l’environnement, placé en fin de discours, est surtout défini comme un secteur prometteur d’emplois et de compétitivité. Décryptage.

Énergies renouvelables

Ségolène Royal: « Je vous propose un plan de développement massif des énergies renouvelables pour qu’elles représentent 20 % de la consommation d’énergie en 2020, ce qui permettra de réduire la part du nucléaire. […] Je favoriserai les économies d’énergie dans le logement. Tout permis de construire devra intégrer les énergies renouvelables. »

Commentaire de Joo Zimmermann: « Cet objectif ambitieux en matière de renouvelables est un progrès. Mais l’annonce est encore timide sur le nucléaire, qui absorbe l’essentiel des financements en matière d’énergie. On attend des éléments plus précis sur le devenir des centrales existantes, qui sont des déchets en puissance, que l’on ne sait pas traiter. Ses propositions en matière de logement sont salutaires, y compris dans le logement social, mais demandent à être chiffrées de manière plus précise. »

Agriculture

« Je veux redonner aux agriculteurs la fierté de leur métier. Il faut aujourd’hui produire autrement : la qualité doit primer sur la quantité ; l’environnement doit être respecté et les paysages préservés, et ceux qui font ces efforts doivent recevoir davantage d’aide car ils agissent pour l’intérêt général. […] De nouveaux emplois seront développés grâce aux biocarburants, au développement de la filière bois et de la bioconstruction. »

« La candidate pose l’enjeu sociétal de la qualité de l’alimentation et de l’environnement, mais elle reste floue sur les moyens : s’agit-il de donner la priorité à l’agriculture bio ? D’engager une réforme foncière ? Quel type de réorientation de la Politique agricole commune souhaite-t-elle ? Nous saluons la volonté de revaloriser le milieu rural et le métier de paysan, mais attention au miroir aux alouettes des biocarburants, qui peuvent très rapidement prendre le pas sur la production d’aliments et sur d’autres usages plus essentiels des sols. Nous saluons également la prise de conscience de la faiblesse des filières biomatériaux, qui doivent être aidées pour atteindre rapidement une maturité économique, afin que nous puissions relever le défi énergétique, climatique et sanitaire. »

Fiscalité écologique

« Je vous propose une fiscalité écologique qui encourage les bonnes pratiques. »

« Ça ne mange pas de pain, c’est un des serpents de mer de l’écologie. Il faut désormais des propositions concrètes. Cependant, le discours de la candidate évoque fréquemment une vraie décentralisation des moyens, ce qui va dans le sens d’une meilleure rationalité écologique. De même, nous saluons la reconnaissance du travail des associations. »

Santé environnementale

« 27 % des salariés travaillent debout en permanence, 37 % sont exposés à l’inhalation de produits chimiques sur leur lieu de travail, les victimes de l’amiante ne sont toujours pas indemnisées […] »

« Nous saluons la mise à l’ordre du jour des questions de santé environnementale et le souci d’égalité des Français devant la santé, en particulier pour réparer les scandaleuses inégalités dans le milieu professionnel et dans certaines parties du territoire. Mais nous attendons des propositions plus précises. »

Eau

« Je ferai de l’accès à l’eau potable une grande cause internationale pour la France. »

« Cet engagement ne masque pas le très faible accent mis sur solidarité internationale. Alors que l’enjeu de la modification des modes de consommation et de production est mondial, nous aurions voulu entendre d’autres ambitions pour la France que celle de la compétitivité. »

Politique
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