Les collectifs à la peine

À deux mois de leurs Assises, les collectifs ont réuni, le week-end dernier, une coordination pour amender leur projet politique et préciser leur mode de fonctionnement.

Clotilde Monteiro  • 27 septembre 2007 abonné·es

La « dynamique unitaire » bouge encore. Du moins ceux qui prétendent l’incarner. Car, n’en déplaise au reste de la gauche de la gauche, qui s’est empressée d’enterrer le mouvement des collectifs unitaires après sa défaite aux élections présidentielle et législatives, les collectifs locaux n’entendent pas disparaître du paysage politique. Une petite centaine de délégués mandatés ­ ils étaient environ trois cents en juin ­ ont participé, les 22 et 23 septembre, à l’université de Saint-Denis, à une réunion de coordination. Une trentaine de départements étaient représentés sur la cinquantaine habituellement actifs, sachant qu’une dizaine d’autres avait envoyé leur contribution par écrit. Tous les présents ont manifesté leur volonté de poursuivre le travail entamé en juin, en vue de préciser le projet politique et les modalités de fonctionnement du mouvement, tant à l’échelle nationale qu’à l’échelon local.

Ce week-end aura aussi été l’occasion pour les participants de tourner la page des collectifs Bové et de tirer les leçons de la défaite. Selon Claire Villiers, « la question de l’échec de la candidature Bové aurait dû être réglée plus tôt, même s’il faut garder à l’esprit ses aspects positifs, car elle a permis de faire converger vers nous des représentants des quartiers et des cités avec qui nous sommes désormais en contact ». Comme lors de leur précédente rencontre du 17 juin, les participants ont débattu, à coup d’amendements, d’une possible charte de fonctionnement du mouvement, pour l’instant sans nom, qu’ils veulent construire. Ils ont aussi mis au point un texte de référence politique pour leurs Assises, programmées les 24 et 25 novembre.

Les collectifs veulent convier à ce rendez-vous l’ensemble des forces de la gauche antilibérale, le milieu associatif, ainsi que tous ceux qui souhaitent s’inscrire dans leur démarche. Mais, comme il est stipulé dans leur projet de charte, « le présent document ne vise pas à graver dans le marbre ce que sera l’organisation de cette future force. Le rassemblement qui sera issu des Assises ne sera d’ailleurs pas cette nouvelle force » . Son ambition se borne à « proposer aux militants de toutes sensibilités décidés à continuer et à amplifier le combat unitaire, notamment dans la perspective des États généraux de la gauche antilibérale, de transformation sociale, des principes d’organisation conciliant démocratie et efficacité » .

Dans les différents ateliers de réflexion consacrés au projet politique, les propositions d’amendements sur les droits politiques pour les immigrés, la lutte contre les discriminations en rapport avec les luttes coloniales ou les interrogations quant à la nature même de la dynamique ont foisonné. Des désaccords politiques de fond ont été pointés et feront l’objet des futurs débats, comme la question de l’antiproductivisme ou celle du nucléaire. Quant à la stratégie à adopter pour les élections locales, elle a fait l’objet d’un texte approuvé par l’ensemble des délégués présents.

Contre toute attente, la question pourtant cruciale des porte-parole de mouvement n’a pas été abordée lors de ces échanges. Alors que l’éloignement de ses figures les plus médiatiques, telles que Clémentine Autain ou José Bové, coupe les collectifs de toute possibilité de relais dans les médias et réduit, par conséquent, leur capacité à mobiliser leurs troupes, à faire connaître plus largement leur démarche et converger vers eux des groupes ou des individus. D’autant que le climat reste tendu à la gauche du Parti socialiste. En façade, chacun appelle au rassemblement et à l’unité de la gauche antilibérale et anticapitaliste, mais tous se regardent en chiens de faïence. Lors de la réunion du « Collectif Riposte », qui rassemble toutes les formations de gauche, du PRG à la LCR, organisée récemment au siège du PCF, les représentants des collectifs qui souhaitaient s’y joindre ont été reconduits vers la sortie. « Par leur démarche même , analyse Claire Villiers, les collectifs posent la question monumentale de ce que peut être la politique quand celle-ci ne se situe plus dans le champ des partis. » Une question dérangeante s’il en est…

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