La vie est une goutte suspendue

Politis  • 11 octobre 2007 abonné·es

Christian de Rabaudy pourrait sortir d’un livre de Raymond Queneau ou de Boris Vian. Un de ces personnages qui créent une drôle de poésie avec le quotidien le plus prosaïque. Sauf qu’en outre Christian de Rabaudy est atteint de diabète, terriblement atteint, au point qu’il se désigne lui-même comme un « diabétique professionnel » . Au départ, le réalisateur Hormuz Kéy était venu voir Christian de Rabaudy pour une autre raison que de le filmer jusqu’à sa mort. Mais « la vie est une goutte suspendue » et, en l’occurrence, la chute n’a jamais été aussi menaçante. Un rapport assidu s’instaure donc entre la caméra amicale du cinéaste et Christian, l’ex-professeur de philosophie au physique étonnant : un corps de plus en plus maigre, un visage de sage impatient dont un oeil a été mangé par la soude lorsqu’il était enfant. Passant d’une discussion de fauché sur le prix des pommes à la visite d’une jeune fille rencontrée ici ou là, ou à une considération plus grave mais furtive, Christian développe sans volontarisme une présence au monde unique, humoristique et sérieuse, profondément attachante. Dans la grisaille de la vie, nous n’aurions peut-être pas su voir Christian de Rabaudy. Grâce à La vie est une goutte suspendue , il est là, devant nous, saisissant.

Culture
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