Forum social décentralisé, le compte-rendu des lecteurs-correspondants de Politis
Nils Solari et Josiane Nigaut, lecteurs-correspondants de Politis, nous racontent leur Forum social décentralisé de ce week-end, à Aix-en-Provence et dans le Morbihan.
FSM Aix : un espace de rencontres…la genèse d’un réseau !
C’est à l’école des Beaux-arts que s’étaient données rendez-vous une cinquantaine d’associations et de collectifs du pays d’Aix et de Marseille. Faute de l’organisation d’un tel évènement dans la cité phocéenne –hormis quelques initiatives au quartier de la Belle de Mai-, ce premier FSM Aixois a permis tout d’abord de rassembler des acteurs militants de deux villes qui ont peu l’occasion de dialoguer ensemble.
Il s’agissait ensuite d’articuler les différents niveaux d’engagement que peut recouper la volonté de construire « un autre monde », plus juste. Ainsi, de nombreuses formations vouées à la solidarité internationale ont côtoyé des acteurs investis davantage sur un espace régional, et d’autres encore dont le cheval de bataille emprunte aux deux registres, local et global.
Des ateliers, organisés l’après-midi, reflétaient d’ailleurs plus ou moins ces trois tendances. Un premier, animé par Françoise Escarpit (journaliste) traitait des thématiques communes à l’espace latino-américain (la question indienne, la violence, le narcotrafic, la domination Etats-unienne…), à partir de l’exemple colombien plus particulièrement d’actualité aujourd’hui.
Un autre atelier « Méditerranée » comptait dans ses rangs Radhia Nasraoui, avocate et figure de l’opposition tunisienne. Le troisième, intitulé « Migrations », était quant à lui animé par l’Association des travailleurs marocains de France, Attac et le Réseau éducation sans Frontières 13.
Durant ces ateliers, le rôle de la presse dominante dans la désinformation sur des situations éloignées (Venezuela, Bolivie, mais aussi Tunisie…), l’occultation de l’action des mouvements sociaux et la promotion des idées néolibérales n’a pas manqué d’être souligné. La présence de la radio locale Zinzine, qui a réalisé des plateaux tout au long de l’après-midi, venait s’inscrire à l’encontre de ce diktat médiatique, pour relayer davantage les paroles du FSM auprès de ceux qui n’avaient pu s’y rendre…
En fin d’après midi, une veillée à la bougie était organisée, en hommage à la lutte mapuche, et notamment pour alerter l’opinion sur la situation délicate de Patricia Troncoso après une grève de la faim de plus de 110 jours.
Au côté d’autres films projetés, « Carnets de route : un autre monde est possible » de Keny Arkana avait été choisi par les organisateurs pour provoquer la rencontre entre « les jeunes », fans de la rappeuse, et « les plus anciens », qui ne la connaissent pas forcément. À nouveau, l’objectif était de faire se rencontrer des générations pour que celles-ci se rendent compte de l’unicité de leur lutte, même si celle-ci ne s’exprime pas toujours de la même manière.
À l’issue de cette projection, un débat s’est tenu sur la question des « formes d’engagement pour qu’un autre monde soit possible », avec Mmes Escarpit et Nasraoui, Gérard Guieu (Attac aix) et le rappeur marseillais Donz. La soirée devait s’achever par une note festive avec le concert de RIT et de Musical Riot Sound System.
A quelques semaines des élections municipales, le tissu associatif du pays d’Aix entendait bien, par la multiplicité des rencontres et des échanges, poser un certain rapport de force et « rappeler aux politiques qu’on est là ! ». Plus globalement, et comme le rappelait Mme Nasraoui quant à l’opportunité du FSM, « il s’agit d’établir des relations avec des gens qui ont le même combat que nous, même s’ils ont des pratiques différentes ». Valérie Brûlant pour Attac pays d’Aix, concluait d’ailleurs à ce sujet que le mérite de ce FSM d’Aix était avant tout « la constitution d’un réseau militant », capable de développer par la suite une plus grande capacité d’action…
Nils Solari
Forum social à Etel, pari réussi
C’était un pari risqué que d’organiser le Forum Social du Morbihan à Etel, petit port à mi-chemin entre Vannes et Lorient, mais bien excentré. Ouest-France avait cependant annoncé l’évènement dans la page locale et Le Télégramme était présent samedi à Etel.
Le Village associatif a réuni à La Criée plusieurs associations pouvant informer et débattre sur les conséquences néfastes du néo-libéralisme sur nos vies et sur les moyens d’y résister et de vivre autrement, ici et maintenant, dans la solidarité et le respect des droits des hommes et de la nature. Les Faucheurs étaient présents, Attac, Le Peuple des dunes, les Objecteurs de croissance, RESF, Mouvement pour une réforme fiscale, le Comité de chômeurs, la CGT, le Secours populaire et Génépi. Une table exposait des documents de diverses associations concernant la défense de l’environnement ou de solidarité internationale. La presse était représentée par un stand de l’Humanité et bien sûr de Politis. L’association Aduce (promotion du commerce équitable) et la coop bio d’Auray nous proposait ravitaillement, salades et sandwichs et l’indispensable café, au vu de la température ! L’Amap (Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne) du Loch était là et nous a proposé, le soir, une soupe bienvenue.
Au cinéma La Rivière, ouvert pour l’occasion : vendredi soir, le film de Michael Moore, Sicko, a réuni environ 150 personnes pour un débat sur les risques liés à la privatisation de la santé. Toute la journée du samedi, différents films, dont certains réalisés dans le département, ont permis de débattre de la marchandisation de l’énergie, de l’agriculture durable, des conditions de travail dans les transports maritimes, des méfaits des multinationales (The Corporation)… Certains débats ont permis de faire le lien avec le Traité européen et l’appel au référendum. Enfin, des concerts avaient lieu au bar Le Chat qui Pêche, sur le quai. Certes il faisait froid, mais le soleil et la convivialité étaient là : environ 200 personnes ont pu circuler entre les stands et les projections toute la journée …à suivre !
Josiane Nigaut