Le NPA et l’appel de Politis

Au cours de leur université d’été, militants et sympathisants de la LCR ont longuement débattu de l’initiative de Politis. Un débat parmi d’autres à Port-leucate, mais pas le moindre si l’on en juge par son audience.

Denis Sieffert  • 28 août 2008 abonné·es

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*Dates et lieux de débats en France autour de l’appel : http://association.pour-politis.org/Debats-autour-de-l-Appel-de.html

Pour signaler une date de débat, écrire à Michel Soudais*

La brise marine s’était levée, et les structures métalliques du chapiteau dressé à moins d’une encablure de la mer craquaient dangereusement. Ce n’était pas assez pour décourager les quelque deux cents militants et sympathisants venus participer, lundi matin, au débat auquel la LCR nous avait invité autour de l’appel de Politis. L’initiative en revenait à Daniel Bensaïd, qui était présent pour nous porter la contradiction dans un climat très fraternel. Il ne s’agit pas ici de rendre compte des interventions des uns et des autres, mais d’essayer de dégager quelques enseignements. Nous avons eu l’occasion de redire que l’appel « L’alternative à gauche, organisons-la ! » [^2], qui a déjà recueilli plus de dix mille signatures, n’est pas en opposition au futur Nouveau Parti anticapitaliste, même si les stratégies et les agendas ne sont pas les mêmes. L’analyse de départ – la dérive droitière et libérale du Parti socialiste –, elle, en revanche, est partagée. Et l’idée d’un pacte unissant dans un même cadre l’ensemble des acteurs d’une véritable gauche écologiste et sociale ne peut être assimilée à l’ébauche d’un autre parti. Cela pose en revanche la question des alliances. Y compris, bien sûr, pour le futur NPA. Sauf à croire que celui-ci pourrait couvrir tout ce champ politique. Or, en dépit de l’indéniable succès de l’université d’été de la LCR, personne ne peut l’imaginer. Nous avons donc redit ce que nous avions déjà écrit : la participation à cet espace commun de réflexion et d’action ne suppose pas l’abandon des projets et objectifs des uns et des autres. Il prend en considération la nécessaire recherche de convergences avec d’autres forces politiques antilibérales, au sein des Verts, au PCF, chez les Alternatifs, notamment. L’objection qui nous a été faite le plus souvent au cours du débat de Port-Leucate est un manque de clarté.

Manque de clarté dans le texte lui-même, pas assez clairement anticapitaliste. Manque de clarté par rapport au PS (le texte ne fait qu’évoquer « la majorité dirigeante du Parti socialiste » ). Manque de clarté dont témoignent la présence de certains signataires (ne citons pas de noms…) et la référence à Die Linke. Ce débat entre « la confusion et la clarté », nous avons répondu que dans un certain sens nous l’assumions. À tout le moins, nous assumons la complexité d’un certain nombre de situations. Si les objectifs de la LCR sont clairs, que dire à ceux qui hésitent sur l’analyse politique, se disent plus « antilibéraux » qu’anticapitalistes, à ceux qui viennent d’autres histoires et d’autres cultures ? À ceux qui ont fait vivre et font vivre encore les collectifs antilibéraux ?

Leur enjoindre de rallier le futur NPA n’est guère suffisant. Le débat autour de Die Linke a d’ailleurs connu d’autres épisodes au cours de l’université d’été de la LCR puisqu’il agite aussi des militants allemands de la Quatrième Internationale, les uns ayant fait le choix de participer à la nouvelle organisation de gauche, les autres s’y opposant au nom du fait que celle-ci entre dans un jeu d’alliances avec le SPD. Mais qui met en difficulté l’autre ? « C’est du judo, a analysé Daniel Bensaïd. Aujourd’hui, Die Linke pose un problème au SPD, mais la prise se retournera quand ils seront au pouvoir ! » Le débat en tout cas existe. Même « ouvert », le NPA ne pourra esquiver le problème des relations avec les autres forces politiques. On peut évidemment s’en tirer en répondant que rien n’empêche des accords ponctuels de « front unique » pour des combats particuliers. L’exemple a été donné de l’appel lancé par Olivier Besancenot à toute la gauche pour une manifestation contre la guerre en Afghanistan. Avec l’appel de Politis, il s’agit d’autre chose. Il s’agit d’un « cadre permanent ». Quoi qu’il en soit, le débat se poursuit. Il se poursuivra notamment avec la LCR sur le stand de Politis à la Fête de l’Humanité, le samedi 13 septembre à 18 heures. Il se poursuivra surtout à Gennevilliers le 11 octobre, au cours du premier rassemblement des signataires. Nous y inviterons la LCR. Lundi, à Port-Leucate, nous n’avons sûrement pas convaincu cette organisation de signer notre appel, mais le débat a changé de ton. Et nous avons pu nous féliciter, comme nous l’avons dit sur le mode de la plaisanterie, de trouver parmi la trentaine d’intervenants au moins autant d’ « avocats que de procureurs » . Preuve que les questions que nous posons se posent.

[^2]: Voir Politis n° 1002 et notre site politis.fr, ainsi que

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