La difficile unité palestinienne

Dans la capitale égyptienne, la négociation bute toujours sur des questions de principe comme la reconnaissance par le Hamas des accords signés par le Fatah ou l’OLP.

Wissam Alhaj  • 16 avril 2009 abonné·es

Depuis deux mois, le Fatah et le Hamas négocient au Caire pour tenter de constituer un gouvernement d’unité nationale. Les négociations bloquent principalement sur deux points : d’une part, les exigences du président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, qui conditionne l’accord à l’approbation des administrations américaine et israélienne ; et, d’autre part, le pouvoir accordé à chacune des deux parties dans les structures gouvernementales.

Les deux principales forces politiques palestiniennes sont d’accord pour former un gouvernement d’unité nationale temporaire, dont la mission se limitera à la marche des affaires quotidiennes et à la préparation de nouvelles élections présidentielle et législatives. Pour cela, les deux parties ont dû surmonter leurs divergences sur la légitimité concurrentielle du gouvernement et de son président. Mais le Fatah refuse toujours que le Hamas nomme le Premier ministre, ­tandis que le Hamas estime que sa victoire électorale de janvier 2006 lui confère ce pouvoir. À propos du programme, le Fatah insiste sur le fait que le gouvernement doit se conformer à « l’ensemble des accords précédents » , ce qui signifie l’acceptation des accords d’Oslo. Le Hamas propose de son côté la formule « respect des accords précédents » , déjà utilisée comme compromis lors des accords de La Mecque en 2007. C’est sans doute ce désaccord qui constitue le point de blocage le plus important. Si la référence aux accords précédents précise la nature de ces accords, cela renvoie à la reconnaissance explicite d’Israël. Ce que rejette pour l’instant le Hamas. Et ce refus est au centre de sa stratégie. C’est pourquoi le mouvement islamiste suggère une formule plus vague. Mais l’objectif de ces négociations étant la reconnaissance du gouvernement d’unité nationale par la communauté internationale, c’est en fait l’intransigeance israélienne et américaine qui se profile derrière l’intransigeance du Fatah.

Bien que les deux parties se soient accordées sur la recomposition de l’appareil de sécurité sous une égide arabe, les modalités sont toujours objets de discordes. Le Fatah veut que cette recomposition ne concerne que la bande de Gaza, tandis que le Hamas exige qu’elle se fasse aussi en Cisjordanie et selon les mêmes critères. Les deux parties n’ont pas non plus la même vision sur la nature du travail de la police et de la sécurité. Le Fatah entend poursuivre sa coordination sécuritaire avec les Israéliens, sous l’égide des Américains, et se conforme à des accords avec ces deux pays. Or, c’est précisément cette coordination, destinée à soutenir l’appareil de sécurité du Fatah, qui avait mis le feu aux poudres et provoqué les violents affrontements dans la bande de Gaza entre le Fatah et le Hamas lors de l’été 2007.

Sur la question des élections, le Hamas souhaite maintenir le système actuel : élection de la moitié du Parlement à la proportionnelle, et de l’autre moitié par région. Le Hamas exige que le seuil d’éligibilité soit de 8 %, ce qui signifierait l’éviction de l’ensemble des petites formations politiques. Sur ce point, le Fatah ne s’oppose pas au Hamas, croyant que cela pousserait les forces de gauche à s’allier avec lui, afin d’imposer une liste unifiée selon ses conditions.
L’état actuel des négociations ne garantit pas une fin proche du conflit inter-palestinien, mais peut-être une « trêve politique ».

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Gaza, trois mois après
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