Cuba-Dakar

Deux disques reviennent sur les emprunts sénégalais à la musique cubaine.

Denis Constant-Martin  • 28 mai 2009 abonné·es

Au Sénégal, dès les années 1950, se forment en ville des groupes de musique moderne. Ils doivent faire danser une population qui entend affirmer son appartenance à la modernité sans rien renier de son africanité. Les musiciens qui les composent s’inspirent de musiques cubaines et réinventent à leur manière rumba, són et cha-cha. Ce mouvement se poursuivra jusque dans les années 1970. Cuba offrait une modernité indéniable mais non blanche, non coloniale, à l’intérieur de laquelle il était possible d’introduire des éléments musicaux proprement sénégalais.

Sénégal 70 et Orchestra Baobab , l a Belle Époque font entendre le résultat de ces adaptations, en une époque où venaient s’ajouter aux influences cubaines des accents soul et funk, des envolées inspirées par le free jazz ; guitares et saxophones y sont tour à tour langoureux ou flamboyants. Pourtant, de plus en plus, s’y rajoute une vocalité, des instruments et des rythmes proprement ouest-africains : Cuba avait ouvert la route à une musique de l’indépendance qui n’hésitait plus à puiser aux mémoires rurales. Bientôt, le mbalax allait les remplacer auprès des jeunes, avant que, plus tard encore, ils ne s’emparent du rap.

Mais, en ce temps, Youssou Ndour n’est encore qu’un jeune membre du Star Band. On l’entend, ainsi que les meilleurs groupes sénégalais (Xalam, Super Diamono, Étoile de Dakar), sur Sénégal 70  ; Orchestra Baobab reprend des enregistrements, dakarois et parisiens, du plus prisé de ces ensembles. Une formidable énergie créatrice s’en dégage encore.

Culture
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