Un vote qui dérange

Après le succès de la consultation citoyenne, la balle est dans le camp de l’Élysée.

Thierry Brun  • 8 octobre 2009 abonné·es

Le projet de loi modifiant le statut de La Poste et ouvrant son capital sera-t-il retiré ? La publication, le 5 octobre, des résultats de la votation citoyenne a mis dans l’embarras le gouvernement, qui a décidé de présenter le texte au Sénat le 3 novembre. Christian Estrosi, ministre de l’Industrie, était bien seul à ironiser contre cette consultation et à mettre inutilement de l’huile sur le feu, car cette initiative inédite au niveau national a en effet remporté un incontestable succès.

« Ce qui vient d’avoir lieu avec cette consultation est énorme » , constate le Comité national contre la privatisation de La Poste dans sa déclaration publiée lundi. La votation citoyenne a recueilli 2 123 717 bulletins [^2] au soir du 4 octobre dans plus de 10 000 bureaux de vote. Elle a donné des ailes à ce comité qui rassemble 62 organisations syndicales, associatives et politiques (dont des élus de droite). Il y a quelques jours encore, personne ne se serait risqué à annoncer un tel résultat, les estimations les plus optimistes tablant sur un million de votants.
Désormais, le ton a changé : en coulisse, les porte-parole du comité estiment que le chiffre des 4,5 millions de votants, c’est-à-dire 10 % des électeurs inscrits, pour organiser un référendum d’initiative populaire est à leur portée en cas de récidive. L’analyse du scrutin est aussi un objet de satisfaction : les organisateurs ont réussi à mobiliser les zones rurales et les banlieues populaires, qui les « encouragent à continuer ».

« Le président de la République et son gouvernement doivent entendre ce verdict sans appel et renoncer définitivement à cette loi » , affirme le comité, qui demande à être reçu par Nicolas Sarkozy ainsi que par les présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale. Le comité a aussi insisté pour qu’aucune modification du statut de La Poste ne puisse se faire sans l’organisation d’un référendum.

Nicolas Sarkozy, qui a jusqu’à présent rejeté tout demande de rencontre et remise de pétitions, se trouve désormais face à une demande officielle de consultation puisque la révision de la Constitution de 2008 accorde le droit d’organiser, avec certes de nombreux obstacles, un référendum d’initiative populaire et parlementaire. Mais, faute d’adoption d’une loi organique, celui-ci n’est toujours pas d’actualité. En attendant, le comité national débattra avec les comités locaux des suites à donner à la votation.

[^2]: Plus de 90 % des électeurs ont dit non au changement de statut de La Poste et à l’ouverture de son capital, et donc à sa privatisation. Voir le détail des résultats sur .

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