Reprise du Monde : l’effet Sarkozy

Le conseil de surveillance du groupe Le Monde s’est prononcé en faveur du trio Bergé-Niel-Pigasse, après le retrait de l’offre concurrente, qui avait la préférence du chef de l’État…

Denis Sieffert  • 1 juillet 2010 abonné·es

Le trio Bergé-Niel-Pigasse, dit « BNP », est devenu lundi actionnaire majoritaire du groupe Le Monde à l’issue du vote du conseil de surveillance, qui s’est prononcé en faveur de l’offre des trois hommes d’affaires par 11 voix sur 20. Est-ce l’effet Sarkozy ? Tout le monde s’en défend. Y compris la Société des rédacteurs du Monde (SRM) et les autres sociétés de ­personnels qui se sont prononcées par un vote massif le 25 juin en faveur de l’offre de reprise du trio composé de l’homme d’affaires Pierre Bergé, de Xavier Niel, fondateur de l’opérateur Free, et du banquier Matthieu Pigasse, alors que l’offre concurrente Orange-France Télécom-Le Nouvel Observateur avait reçu quasi officiellement le soutien de Nicolas Sarkozy. Avant même le vote du conseil de surveillance, qui devait intervenir plus tard dans la journée de lundi, Orange et Le Nouvel Observateur annonçaient leur intention de se retirer « quelle que soit la décision qui sera prise ». Et cela, précisaient-ils, en accord avec leur associé, le groupe espagnol Prisa (El Païs). « Comme on s’y était engagés, on ne va pas forcer une proposition contre l’avis des journalistes » , a indiqué un porte-parole d’Orange.

Le président de la République aurait voulu torpiller l’offre qu’il a affirmé soutenir qu’il ne s’y serait pas pris autrement. À moins que Nicolas Sarkozy dispose aussi de ses entrées au sein de l’autre groupe. On se souvient qu’Alain Minc, aujourd’hui conseiller de Nicolas Sarkozy, avait favorisé l’entrée de Matthieu Pigasse dans la banque Lazare. L’intervention de l’Élysée n’en reste pas moins toujours indéchiffrable par sa grossièreté et sa maladresse. Quelques heures avant le vote décisif du conseil de surveillance, les six anciens présidents de la Société des rédacteurs du Monde avaient lancé un appel soulignant la double signification du vote des sociétés de personnels du Monde et des publications du groupe : « C’est à la fois un message de confiance lancé aux repreneurs choisis et un message d’unité adressé aux actionnaires extérieurs qui ­siègent au conseil de surveillance. » Au fil des jours, un autre choix était donc devenu impensable.

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