Jeunes et jazzy

Le musée du quai Branly propose un cycle de concerts qui permet de découvrir une nouvelle génération de musiciens américains.

Denis Constant-Martin  • 21 octobre 2010 abonné·es

En 2009, le musée du quai Branly avait proposé une exposition intitulée « le Siècle du jazz », présentant diverses manières au cours du XXe siècle de figurer le jazz par des moyens plastiques. Le succès rencontré par cette manifestation, et par les concerts qui l’avaient accompagnée, a convaincu les responsables du musée de pérenniser cette expérience en programmant un cycle de concerts intitulé « Bleu Indigo ».

Confiée à Alexandre Pierrepont, anthropologue et fin connaisseur des nouvelles scènes du jazz américain, cette programmation tranche avec ce que l’on propose habituellement au public français. Lorsqu’on lit les affiches des « grands » festivals organisés en France, il semble que les mêmes noms virevoltent et reviennent, comme s’il ne se passait plus rien de nouveau aux États-Unis.

Parfois, de jeunes musiciens sont présentés en première partie de vedettes confirmées, mais ils restent peu entendus. Des clubs, en régions notamment, des festivals plus audacieux, comme Sons d’hiver dans le Val-de-Marne, font davantage d’efforts, mais les nouvelles générations de jazzwomen et jazzmen américains demeurent encore mal connues des auditeurs français.

« Nous avons souhaité donner une meilleure visibilité à de jeunes musiciens venant de toutes les régions des États-Unis , explique Alexandre Pierrepont.
Certains ont déjà joué en France mais plutôt discrètement. Dans ce programme, ils apparaissent rassemblés. Ils constituent une sorte d’échantillon représentatif qui rend manifeste le travail d’une génération : ils ne forment pas un courant stylistique homogène, mais ils créent dans une perspective moderne, qui accepte l’histoire pour la retraiter de manière originale. »

Les deux premiers concerts l’illustrent fort bien. Tyshawn Sorey, un batteur dont l’activité de compositeur est aussi importante que son travail de percussionniste, déploie un art intense de la démultiplication rythmique. Dans son quartette, le pianiste John Escreet joue sur une large palette, de l’impressionnisme à l’expressionnisme percussif. Le groupe de John Hébert, quant à lui, permet aux saxophonistes Michaël Attias et Tony Malaby de dénouer leur liberté sur une assise rythmique solide qui n’hésite pas à puiser aux sources cajun de la Louisiane.

Ce cycle de concerts fera entendre des musiciens qui font la vie du jazz de l’autre côté de ­l’Atlantique, et ce pour le simple prix d’un billet d’entrée au musée.

Culture
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