La lepénisation assumée de l’UMP

Le « Collectif de la droite populaire » chasse délibérément sur les terres du FN. Et s’en prend aux homos, aux immigrés, aux précaires…

Ivan du Roy  • 13 janvier 2011 abonné·es

Ils aiment la nation, la famille et la patrie. Mais n’apprécient pas vraiment les jeunes des banlieues, les homos, les réfugiés ou les droits sociaux. « Ils », ce sont la trentaine de députés UMP qui ont fondé le 14 juillet 2010 un « Collectif de la droite populaire ». Objectif : muscler encore davantage le discours sécuritaire de la majorité présidentielle et chasser délibérément sur les terres du FN. « Nous sommes attachés au patriotisme pour redonner fierté, espoir et ambition aux Français. Fiers de notre langue et de notre histoire, nous défendons aussi les symboles de notre Nation : “la Marseillaise” comme le drapeau tricolore » , qui, grâce à « nos collectivités d’outre-mer » , flotte « sur toutes les mers et sous tous les cieux » , proclame leur charte.

Qui retrouve-t-on dans cette « droite populaire » ? Thierry Mariani, élu du Vaucluse et désormais secrétaire d’État aux Transports, Lionnel Luca, député des Alpes-Maritimes, Christian Vanneste, député du Nord, ou encore Jacques Myard, élu des Yvelines. Tous se sont illustrés par leur surenchère verbale ou législative à l’encontre des homos, des immigrés ou des plus précarisés. Instaurer des tests ADN avant d’accorder un visa à des étrangers souhaitant rejoindre leur famille en France ? Une idée de Thierry Mariani, rejetée par le Parlement en 2007. Exclure les personnes sans papiers des centres d’hébergement d’urgence ? Encore Mariani. Militariser « certains quartiers, devenus des zones de guerres tribales »  ? Un souhait de son collègue Lionnel Luca. Cet ancien de la Légion étrangère veut créer une « force d’intervention spéciale » composée « de militaires avec les équipements nécessaires et adaptés à la guérilla urbaine » pour « remettre de l’ordre dans les quartiers où les caïds font la loi » . Rien que ça.

Le député, favorable à la peine de mort, se distingue également par une certaine empathie avec les Antillais qui « font toute sorte d’amalgames avec l’esclavage » mais « ne crachent pas sur le RMI des anciens colonisateurs » . De l’arrière-pays niçois, il aime distiller quelques leçons de virilité, en particulier aux réfugiés afghans expulsés par la France : « Je trouve un petit peu indécent qu’on s’apitoie sur leur sort quand, au même moment, nos soldats se battent pour leur liberté. S’ils étaient des hommes, ils se battraient aussi pour leur liberté, sur leur territoire » , déclarait-il en 2009. On se souvient également des sorties de Christian Vanneste sur l’homosexualité « inférieure à l’hétérosexualité » , ou de son camarade Jacques Myard, qui considère, lors du débat sur le Pacs, que les homosexuels « n’apportent rien à la société » et que le Pacs ne devrait pas oublier « les zoophiles » .

La droite « populaire » n’épargne pas les politiques sociales. À chaque occasion, ces députés tentent de durcir la législation. Et jouent à qui ira le plus loin avec Éric Ciotti, le « monsieur sécurité » de l’UMP, également député des Alpes-Maritimes. Celui-ci propose d’envoyer en prison les parents d’enfants trop souvent absents de l’école ? La droite populaire défend un amendement pour restreindre l’aide médicale d’État – qui garantit l’accès aux soins pour les résidents étrangers sans revenus – « aux conjoints et aux enfants […] pour les seuls soins urgents vitaux » . Les 35 heures ? Une « démagogie criminelle du socialisme en France » , selon Christian Vanneste. La durée légale du travail ? « Un concept du XIXe siècle » qu’il faut purement et simplement « supprimer » , selon Lionnel Luca, également opposé au RSA. On est prévenus : le FN compte virtuellement une bonne poignée d’avatars à l’Assemblée, et au gouvernement.

Temps de lecture : 3 minutes