Les fonctionnaires, fardeau inutile

Thierry Brun  • 12 mai 2011 abonné·es

C’est l’histoire d’un long travail de sape nommé « révision générale des politiques publiques » (RGPP), la grande réforme de l’ère Sarkozy. Elle met en œuvre l’antienne libérale selon laquelle l’État doit être minimal et ses services privatisés le plus souvent possible. Cette «  modernisation  » de l’État doit permettre de réduire le « poids des dépenses publiques » , annonce solennellement Nicolas Sarkozy en septembre 2007 à Nantes, dans un discours fleuve. La Fonction publique est remodelée à la serpe depuis l’Élysée, au motif que l’État était « devenu impécunieux et impuissant en même temps qu’il ne cessait de s’étendre pour devenir tentaculaire » .
Sous-entendu : les 2,3 millions d’agents de l’État, dont une moitié d’enseignants, et le million de fonctionnaires hospitaliers (médecins, infirmiers, sages-femmes…) coûteraient trop cher aux contribuables et ne seraient pas efficaces. Alors à quoi bon remplacer ceux qui terminent leur carrière ? Le « sacro-saint statut français » du fonctionnaire est devenu l’ennemi n° 1 de la politique libérale sarkozyste. En 2008, la FSU, premier syndicat de la Fonction publique, l’accuse de jeter les fonctionnaires « en pâture à l’opinion » après une petite phrase contre les enseignants grévistes qui « ne se rendent pas compte de la gravité de la crise » .

Tout au long du quinquennat, les privilèges des fonctionnaires seront la cible préférée de la droite sarkozyste. Les think tank libéraux, comme l’Ifrap, produisent une foison d’articles et d’analyses pour démontrer le bien-fondé du dogme élyséen. Le statut de fonctionnaire est dynamité pour une logique de contrat avec une loi dite de « mobilité » , puis suivent l’abandon ou le transfert aux collectivités territoriales des missions publiques.
En quatre ans, le gouvernement a recensé 561 mesures appliquant la RGPP, sans compter des réformes comme celle des hôpitaux publics. Dans un glorieux bilan, l’Élysée affiche une économie de 7 milliards d’euros en 2011, jusqu’à 15 milliards d’euros en 2013. « D’ici à la fin du quinquennat, le nombre des fonctionnaires de l’État aura été réduit de 150 000 grâce au non-remplacement d’un départ en retraite sur deux. » Le nombre serait alors « simplement revenu à celui qui était le sien au début des années 1990 » . Une victoire comptable contre des gens qui, finalement, ne serviraient à rien… Ni Sarkozy ni Fillon ne disent mot du prix à payer, de l’ampleur des dégradations du service public : fermeture de classes, de services hospitaliers, incapacité d’accompagner correctement les demandeurs d’emploi ou de traiter les demandes de Sécurité sociale…

Publié dans le dossier
Les boucs émissaires de Sarkozy
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