Plateau des Glières : résister, disent-ils

Pour la cinquième année, au plateau des Glières, des citoyens ont rendu hommage aux héros de la Résistance. Ils ont aussi débattu des résistances actuelles, indispensables dans la France des dérégulations libérales. Et salué les résistances qui donnent vie aux révolutions dans le monde arabe.

Pauline Graulle  • 19 mai 2011
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Plateau des Glières : résister, disent-ils
© Photo : Pauline Caylak

Résister. « Ne pas céder sous l’effet d’une force » , selon le Petit Robert. Vient du latin «  sistere  » : « s’arrêter » . C’est à peu près cela, le rendez-vous des Glières, organisé chaque année au même moment, au même endroit, et avec les mêmes personnes (ou presque). Contre les politiques de courte vue, la volubilité médiatique, l’instabilité d’un capitalisme mondialisé et financiarisé – la chute violente de son représentant du FMI n’est-elle pas le symptôme d’un monde qui peut s’effondrer comme un château de cartes ? –, les citoyens-résistants de France, réunis le temps d’un week-end en Haute-Savoie, opposent la permanence, la transmission, la mémoire. Le regard perdu dans les majestueuses montagnes du massif des Bornes, on imagine les maquisards des années 1940, cachés dans les profondeurs de ces forêts de sapins. Et on se dit que, décidément, la France a de beaux atouts pour faire vivre et prospérer la résistance.

Bien sûr, il y a résister et résister. Risquer sa vie comme l’ont fait naguère Stéphane Hessel et Walter Bassan ou, aujourd’hui, l’opposante au régime tunisien Radhia Nasraoui (voir page 22) n’est évidemment pas risquer son emploi ou quelques nuits de garde à vue. Et, au fond, qu’est-ce qui relie un rescapé du camp de Buchenwald de 94 ans à un agitateur de 30 ans branché sur Twitter qui squatte des appartements place des Vosges ? L’indignation, répond Stéphane Hessel. Mais aussi ce que l’on appelle « le modèle social français » , fondé sur un socle de valeurs qui, de la Libération au XXIe siècle, n’ont pas pris une ride. Pourtant, l’ennemi a changé de visage. Il s’est volatilisé, désincarné. La dictature nazie a laissé la place à la «  dictature des marchés financiers » , selon les mots de plusieurs anciens résistants présents aux Glières. Qui sont-ils, ces «  marchés  » ? Où sont-ils ? À la fois partout et nulle part. Au dehors et au-dedans, à l’image du panoptique de Surveiller et punir. Des abstractions qui interdisent désormais les luttes au corps à corps. Et obligent à inventer une résistance renouvelée.

Illustration - Plateau des Glières : résister, disent-ils

Publié dans le dossier
L'image d'un naufrage
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