Cheissoux, animateur au naturel

Le présentateur du magazine écolo « CO2, mon amour », sur France Inter, propose de grandes promenades pour l’été. Rencontre.

Claude-Marie Vadrot  • 23 juin 2011 abonné·es
Cheissoux, animateur au naturel

Confortablement installé avec 600 000 auditeurs au compteur, Denis Cheissoux pense sereinement à sa rentrée sur France Inter, tout en songeant avec gourmandise à ses grandes promenades de l’été [^2]. Homme de radio, indubitablement — son aisance au micro ne trompe pas –, mais aussi passionné de nature et de paysages. Depuis onze ans, avec ses deux passions, il a hissé son émission consacrée à l’écologie, aux milieux naturels, aux espèces sauvages, aux énergies renouvelables et à tout ce qui concerne l’environnement au hit-parade du samedi après-midi sur les radios généralistes.


Heureux homme qui s’étonne toujours qu’aucune émission de radio ou de télévision n’ait repris cette thématique. Mais lancer chaque semaine « l’émission qui empêche de réchauffer, de polluer et de penser en rond » ne peut que gêner les annonceurs qui font vivre les autres stations. D’abord chargé d’une simple séquence environnement dans une autre émission à partir de 1992, Denis Cheissoux a pris son autonomie en 2000 et a rapidement été adopté par les auditeurs. Même s’ils sont très divers, les uns voulant plus d’analyses sur les questions énergétiques, les autres ne jurant que par les reportages sur la nature. Mais ils sont fidèles et acceptent la biodiversité de l’émission.


La nature, les découvertes, les promenades vertes constituent un antidote vital pour ce journaliste qui étouffe toujours un peu dans son petit studio : il réussit quand même chaque année à parcourir 7 000 kilomètres en vélo. Il voudrait faire mieux. Pour son plaisir, pour respirer, se désintoxiquer, s’aérer la tête, mais aussi pour découvrir les paysages, les animaux et les hommes qu’il raconte ou fait parler dans son micro. Dans son magnétophone de voyage, il y a toujours une réserve de rêves et de rencontres, souvent ornés de chants d’oiseaux. 
Entre les séquences nature, il propose à ses auditeurs de réfléchir sur le réchauffement climatique, l’énergie nucléaire, l’éolien. Il sait qu’il doit varier les plaisirs et donner du rythme à son émission : «  Je ne peux pas consacrer ma petite heure à un seul sujet. Je suis un adepte de la diversité, le déroulement du programme doit la refléter. L’émission doit savoir zapper avant l’auditeur. C’est le seul moyen de tous les garder jusqu’à la fin, même s’il y a des rendez-vous repères incontournables comme Jean-Marie Pelt, ses plantes et ses analyses écologiques pertinentes et corrosives. »


Denis Cheissoux aime la radio car il estime que, pour convaincre, « l’oralité est aussi naturelle qu’essentielle  ». Il ne veut ni contraindre ni imposer. Sa ­conviction : « Le XXIe siècle devra être écologique, de gré ou de force. Je préférerais que cela soit de gré. Mais il faut des exemples, des pistes, car notre société n’abandonnera ses mauvaises habitudes de vie, l’abondance, le jetable, le court terme, que si elle reçoit en échange la solidarité, le partage, et en fin de compte un mieux-être, une sobriété heureuse. Je cherche l’adhésion des auditeurs, sans les flageller. C’est pour toutes ces raisons que je veux faire écouter des personnages simples, des réussites et des initiatives sur le terrain. En dehors des sentiers battus, là où la radio n’a pas beaucoup le temps d’aller. » Sentiers qu’il emprunte en jonglant entre les demandes multiples des auditeurs. 
Pas toujours facile « avec l’aide d’une assistante à mi-temps. Ce n’est pas beaucoup, cela m’empêche de faire plaisir à tout le monde, alors je joins l’utile à l’agréable. Souvent, au bout d’une de mes balades personnelles à vélo, il y a un paysage à raconter, un homme ou une femme à interviewer ». Des provisions qu’il sort plus tard de sa musette pour colorer ses émissions.


Dans son studio, dans les couloirs de France Inter, dans ses interventions et tout au long de ses pérégrinations, Cheissoux revendique la subjectivité de ses choix : le droit aux affinités et à l’amitié.


[^2]: « CO2 Mon amour », samedi de 14 h à 15 h. À partir du mois de juillet, Denis Cheissoux animera pendant l’été « Carte routière », avec une carte 
de France ou d’ailleurs et un invité venant raconter 
ses émerveillements. La nature et l’environnement seront là aussi, évidemment…

Médias
Temps de lecture : 4 minutes