Les Restos crient famine

Si la suspension du PEAD se confirme, l’appel aux dons ne suffira pas. L’association devra faire avec 20 millions de repas en moins.

Pauline Graulle  • 4 novembre 2011 abonné·es

Faire (beaucoup) plus avec (beaucoup) moins. Si la suspension du PEAD se confirme, voilà l’équation impossible à laquelle seront confrontées les quatre associations françaises bénéficiaires (voir ci-contre). La subvention couvre en effet la moitié des 90 millions de repas distribués chaque année par le Secours populaire, et un tiers de la distribution des banques alimentaires : « Le problème va se faire sentir dès la fin de l’hiver cette année, notamment pour nos stocks de lait UHT, qui dépendent essentiellement de l’Europe » , avertit Alain Seugé, de la Fédération des banques alimentaires.
Aux Restos du cœur, on s’inquiète aussi de cet implacable « effet ciseau » : l’ONG, qui doit venir en aide à 25 % de personnes en plus depuis trois ans, devrait faire avec 20 millions de repas en moins sur les 109 millions distribués l’an dernier.

C’est l’augmentation depuis trois ans du nombre de personnes à qui les Restos du cœur doivent venir en aide.

Olivier Berthe, président des Restos, passe en revue les potentielles marges de manœuvre si l’aide européenne venait à disparaître. Réduire les frais de fonctionnement ? « On a 7,1 % de frais généraux, ce qui est très bas, on ne peut plus économiser en gestion. » Faire davantage appel aux donateurs ? « Ils ont déjà augmenté leurs dons depuis trois ans, et ils commencent à être touchés par la crise. Quant aux entreprises agroalimentaires et aux grandes surfaces, elles font moins de dons aux associations depuis le début de la crise, et ont resserré leur chaîne de production. » Demander aux collectivités locales ? « Faute de financements, elles ont déjà baissé leurs subventions. » Quant à l’État, on le voit mal, en pleine austérité, délier subitement les cordons de sa bourse.

« Il ne nous reste donc que peu de possibilités si le blocage persiste , explique Olivier Berthe. Soit réduire le nombre de personnes aidées, soit jouer sur la quantité de produits donnés, soit sur leur qualité. Cela fait des années qu’on se bat pour offrir une nourriture à peu près variée et saine. Si on renonce à cela, il y aura un vrai problème de malnutrition sur le continent. »

Économie
Temps de lecture : 2 minutes