Fausse piste

Jeon Soo-il revisite son obsession pour le voyage.

Ingrid Merckx  • 8 décembre 2011 abonné·es

Sokcho. Ville portuaire à la frontière des deux Corées. Le train n’arrive plus jusque-là. C’est par le car que Kim, cinéaste, arrive dans sa ville natale. Son cousin lui a demandé d’accompagner sa tante en Chine mais ce voyage est une fausse piste. Il en entreprend un autre avec une jeune femme rencontrée en route. Il l’accompagne dans la montagne, dans un village de mineurs abandonné.

Hivernal, le décor n’est pas complètement inhospitalier : à peine sent-on le froid tant cette blancheur mousse, craque et bleuit au crépuscule. Celle-ci contraste avec le noir des routes, la crête des montagnes et le charbon du village où un vieil homme convie Kim à s’asseoir près d’un brasero. Il lui explique que tout va être remplacé par un casino. Démolition, reconstruction, disparition. Quelles traces ?

À défaut de sa maison, Kim retrouve la boutique de photos de son père. Dans la vitrine : uniquement des noirs et blancs. Une obsession que nourrit le Coréen Jeon Soo-il, fils de photographe comme son personnage, et également préoccupé par les déplacements. Auteur d’un mémoire sur le « Voyage spirituel dans l’œuvre de Tarkovski », il s’inspire du maître russe qui « laisse couler le temps dans l’image » . D’où les somptueux plans larges d’Entre chien et loup, qui laissent  exister le paysage dans le cadre, et l’instant dans le paysage. La jeune femme cherche une sœur disparue enfant. Lui, une enfance disparue. On ne fait pas forcément le voyage que l’on croit.

Culture
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