Désir de censure

Politis  • 10 mai 2012
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Quel point commun y a-t-il entre Ni putes ni soumises et l’association d’extrême droite l’Agrif (l’Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l’identité française et chrétienne), présidée par Bernard Antony ? A priori, aucun. Et pourtant. Les deux associations s’en prennent toutes deux à des œuvres ou à des manifestations culturelles.

Dans le cas de Ni putes ni soumises, c’est le rappeur Orelsan qui est dans le collimateur, avec sa chanson « Sale Pute », dont le clip a fait scandale en 2009. L’association féministe a poursuivi le rappeur pour « provocation au crime », rien que cela.

L’audience s’est tenue le 7 mai, à Paris, devant la 17e chambre correctionnelle. Selon la journaliste de l’Express qui a tweeté en direct ce qui s’y passait, la chanson, qui a été diffusée dans l’enceinte du tribunal, a déclenché les rires, « y compris dans les rangs de Ni putes ni soumises ». Tandis que le procureur, qui a demandé la relaxe d’Orelsan, a déclaré : « On se trompe d’ennemi : Orelsan n’est pas responsable des violences faites aux femmes. »

L’Agrif, quant à elle, a l’oreille délicate dès que se profile le festival Hellfest (qui se tient à Clisson, en Loire-Atlantique), consacré au hard rock et au black metal. « Devant l’inertie des pouvoirs publics, écrit Bernard Antony sur son blog, l’Agrif a mandaté ses avocats pour demander l’interdiction de cette manifestation qui constitue un trouble à l’ordre public. » Ni putes ni soumises et l’Agrif ne semblent pas gênées, quant à elles, de constituer « un trouble » à l’intelligence.

Culture
Temps de lecture : 2 minutes
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