Un petit air de Larzac

Les grévistes de la faim contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ont obtenu une suspension des expulsions de paysans.

Patrick Piro  • 17 mai 2012 abonné·es

Après vingt-huit jours sans s’alimenter pour trois d’entre eux, les opposants à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) ont remporté une manche. La semaine dernière, le Parti socialiste du département, locomotive du projet depuis près de quarante-cinq ans, a signé un accord : les habitants et exploitants agricoles installés sur les 2 000 hectares du site ne seront pas expulsés fin 2012, délai fixé par l’ordonnance d’expropriation de février dernier, et qui avait mis le feu aux poudres.

« On ne s’attendait pas à une telle violence psychologique, après toutes les tentatives de dialogue ! », se souvient Michel Tarier, l’un des paysans grévistes de la faim. Pour les occupants, le nouveau délai de deux ans pourrait augurer d’un tournant décisif dans la bataille, en permettant aux procédures judiciaires engagées contre l’aéroport d’aboutir. « S’il le faut, nous leur préparerons un Larzac », affirme Michel Tarier.

François Hollande lui-même, pour ne pas ternir son image, jugeait légitime, le 30 avril, d’attendre que la justice se prononce avant d’entamer les travaux. En fin de campagne présidentielle, les « anti » avaient lancé des interpellations pressantes, relayées par les écologistes.

Le dossier de l’aéroport contesté se complique du fait que son promoteur obsessionnel n’est autre que le député-maire de Nantes, Jean-Marc Ayrault, nommé Premier ministre le 15 mai.

Une victoire sur le terrain politique semble désormais possible pour les militants, paysans et élus (près d’un millier), qui ont bien l’intention de faire pression sur les candidats socialistes locaux lors des législatives. À défaut, ils font confiance au dossier judiciaire, qui rassemble onze procédures. Le projet contient de nombreuses irrégularités, semble-t-il, et le décret d’utilité publique s’appuie sur des études manifestement faussées, et parfois grossièrement, comme le montre le rapport d’un cabinet d’audit néerlandais indépendant.

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