Emploi : travail bâclé

Le projet de loi créant les « emplois d’avenir » inquiète les syndicats et le secteur associatif, qui trouvent la mesure trop modeste.

Thierry Brun  • 30 août 2012 abonné·es

Lors de sa présentation des emplois d’avenir, le gouvernement a provoqué une certaine confusion. Le 21 août sur Europe 1, Michel Sapin, ministre du Travail, a en effet exposé ces nouveaux contrats aidés (premier texte qui sera examiné par le Parlement, fin septembre) en parlant de « contrats à durée indéterminée »… « d’une durée d’un à trois ans » . Ses services ont dû expliquer après coup qu’il y avait là « un raccourci malheureux » , et qu’il fallait distinguer la durée du contrat de travail et la durée du versement de l’aide…

Dans le passé, le contrat première embauche (CPE) avait été présenté de la même manière : comme un CDI à « durée déterminée ». Le gouvernement a donc rapidement rectifié le tir, sans pour autant éteindre les doutes et les critiques sur la nature de ces emplois.

D’après le projet de texte, l’État subventionnera pendant leur durée contractuelle (un à trois ans, donc) ces emplois réservés aux jeunes de 16 à 25 ans, peu ou pas qualifiés, issus de quartiers en difficulté ou de zones rurales enclavées, qu’ils soient en CDI ou en CDD (un an minimum).
Le dispositif s’appliquera pour l’essentiel au secteur public, en particulier l’Éducation nationale, et non-marchand (associations, collectivités territoriales, etc.). Avec une ouverture « à la marge » vers les entreprises privées qui œuvrent dans le secteur des services aux personnes.

Austérité oblige, le gouvernement a tablé sur des suppressions de postes au ministère du Travail (300 par an) pour financer, en partie, ces emplois précaires. Les syndicats n’ont pas manqué de relever la faiblesse des moyens consacrés à ces nouveaux contrats. La CGT des cadres et des techniciens (Ugict-CGT) s’interroge en effet sur les 500 millions d’euros promis en 2013, soit 5 000 euros par contrat : « Les jeunes, priorité affichée du chef de l’État, seront-ils sacrifiés sur l’autel de l’austérité budgétaire ? » Les associations de chômeurs et les syndicats réclament aussi une formation qualifiante garantie, et souhaitent que les aides s’appliquent aux seuls recrutements en CDI.

Efficaces à court terme pour faire baisser les chiffres du chômage, ces contrats risquent de n’offrir que des résultats insuffisants en termes d’insertion dans l’emploi, crainte exprimée par la Conférence permanente des coordinations associatives (CPCA), échaudée par les emplois jeunes et les emplois tremplins. La mesure phare du gouvernement est, dans l’instant, loin de régler le chômage des jeunes.

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