Main dans la main, de Valérie Donzelli : Êtres à la colle

Main dans la main , le nouveau film de Valérie Donzelli, est une fantaisie élégante et enjouée.

Christophe Kantcheff  • 20 décembre 2012 abonné·es

Valérie Donzelli n’aura pas tardé à réaliser un nouvel opus après le succès de La guerre est déclarée. Que faire à la suite d’un tel film, au sujet si grave mais au ton enthousiasmant ? Finalement, la réalisatrice a fait un beau pari : le cinéma n’étant pas affaire d’importance du sujet, elle a opté pour un mode tout aussi aérien et inventif pour raconter une histoire d’amour improbable, qui prend du temps avant de dire son nom. Main dans la main met en présence deux êtres qui n’auraient pas dû se rencontrer : Hélène Marchal (Valérie Lemercier), directrice de l’école de danse de l’Opéra Garnier, et Joachim Fox (Jérémie Elkaïm), d’une quinzaine d’années son cadet, employé d’une miroiterie dans une petite ville de province. Un drôle de phénomène se produit à leur première rencontre. Une force mystérieuse les maintient liés, contraints de faire les mêmes gestes simultanément.

Idée simple et à la fois délirante, chacun entrant de force dans l’intimité de l’autre, point de départ d’une fantaisie euphorique et quasi chorégraphique. La cocasserie de Main dans la main fait aussi son charme, le film ne tombant jamais dans la facilité. La preuve en est qu’ici Valérie Lemercier n’effectue pas son show habituel et n’a rien d’un gadget comique. Elle incarne sobrement une femme plus toute jeune, bourgeoise et solitaire, qui va peu à peu s’ouvrir à l’autre. La drôlerie vient des situations. Et d’un Jérémie Elkaïm dont la palette s’élargit toujours davantage, à son aise dans le burlesque comme dans la tendresse, dans la douceur comme dans des séquences plus athlétiques.

La musique années 1980 est à la mode. 99 Luftballons rythmait Camille redouble, de Noémie Lvovsky, la musique d’Elli et Jacno celle de Main dans la main (titre emprunté à une célèbre ritournelle du couple pop). Ces mélodies légères comme des bulles de savon conviennent à l’esprit Donzelli. Même les clins d’œil cinéphiles qu’elle s’autorise – le « pardon Monsieur » adressé à une femme extrait de Baisers volés, ou la Vie parisienne chantée en anglais par Micheline Presle – n’ont pas la pesanteur des références. Pourtant, les sentiments que montre la cinéaste ont peut-être plus de force que d’autres. D’habitude, les couples se forment de manière volontaire mais n’évitent pas toujours la séparation. Ici, la fréquentation obligée de l’autre se termine par une évidence : Hélène et Joachim ne veulent plus se quitter !

Cinéma
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