Et l’ESS dans tout ça ?

Le patronat de l’économie sociale et solidaire rassemble ses forces pour devenir une organisation représentative.

Céline Loriou  • 27 juin 2013 abonné·es

L’économie sociale et solidaire (ESS) constitue un pan important de l’activité en France, et sera regroupée d’ici l’été au sein de l’Union des employeurs de l’économie sociale et solidaire (UDES), une organisation représentant ce patronat d’un autre genre. L’Union de syndicats et groupements d’employeurs représentatifs dans l’économie sociale (Usgeres) unit ses forces à celles du Syndicat des employeurs associatifs de l’action sociale et médico-sociale (Syneas) dans une structure patronale qui représentera 65 000 dirigeants employant plus d’un million de salariés issus de chacune des 14 branches professionnelles de l’ESS. Ce secteur, en dépit de son importance, est tenu en dehors du champ de la négociation collective interprofessionnelle du fait que les syndicats patronaux de l’ESS existants ne sont pas présents dans tous les secteurs d’activité.

**L’Usgeres ne peut pas* « négocier les accords signés par le Medef sur les grands sujets économiques et sociaux »,* explique Sébastien Darrigrand, délégué général de cette formation. Pour revoir les règles de la représentativité patronale, l’union a remis le 30 mai ses propositions à Michel Sapin, ministre du Travail et du Dialogue social. « Nous ne revendiquons pas “l’interprofession” », car l’Usgeres est majoritairement présente dans le secteur des services, explique le délégué général. « Mais nous revendiquons un statut multiprofessionnel, entre le statut de branche et le statut interprofessionnel », qui permettrait au patronat de l’ESS d’avoir voix au chapitre lors des grandes réformes et d’être « consulté en amont de la négociation des accords nationaux interprofessionnels (ANI) », poursuit-il.

L’ESS rejoindrait ainsi les trois organisations patronales représentatives au niveau national et interprofessionnel : le Medef, la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME) et l’Union professionnelle artisanale (UPA). « Nous faisons en sorte que nos revendications puissent trouver un écho favorable auprès des autres organisations patronales », explique Sébastien Darrigrand, qui défend une ESS comptant près de 223 000 établissements qui fournissent plus de 10 % de l’emploi français, selon le Conseil national des chambres régionales de l’économie sociale (CNCRES). Surtout, l’ESS est composée d’associations, de coopératives (groupe Chèque Déjeuner), de mutuelles (MGEN, Macif, etc.) et de fondations qui se définissent comme des organisations sans but lucratif, des « sociétés de personnes » et non de capitaux. Elles reposent sur des principes comme l’égalité entre les personnes (une personne égale une voix), la solidarité, la finalité d’intérêt général des projets, loin du modèle économique du Medef. Ce qui n’empêche pas l’Usgeres de dialoguer avec ce dernier : « Nous mettons actuellement en place des relations avec le Medef afin de pouvoir travailler de plus en plus ensemble », notamment pour défendre l’ESS, explique Sébastien Darrigrand.

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