« La Jalousie », de Philippe Garrel : Va et vient

« La Jalousie », de Philippe Garrel, questionne les fluctuations amoureuses.

Christophe Kantcheff  • 5 décembre 2013 abonné·es

Face à la Jalousie, on pourrait se dire que rien n’a changé depuis la fin des années 1960, quand Philippe Garrel réalisait ses premiers films. La France ne semble pas avoir beaucoup bougé, les signes de modernité y sont très discrets et l’esthétique du noir et blanc perdure. Le projet de la Jalousie a, quoi qu’il en soit, à voir avec le passé. Le cinéaste raconte un épisode de la vie de son père, Maurice Garrel (décédé en 2011), lorsqu’il avait 30 ans, celui-ci étant interprété par son petit-fils (Louis Garrel).

C’est l’histoire d’un homme, Louis, qui se sépare de sa femme (Rebecca Convenant), avec laquelle il a une fille, pour l’amour d’une autre femme, Claudia (Anna Mouglalis). Tous deux sont comédiens, elle n’a pas joué depuis des années. Claudia est séduite par un architecte qui lui propose du travail. Louis se retrouve alors dans la peau de celui qui a peur de la perdre. Si la simplicité même du titre du film a valeur intemporelle, la Jalousie frappe de manière singulière car il met en présence deux êtres aux visions différentes de la vie et de ses limites. Ce qui mène Louis à aller vers Claudia ou Claudia vers un autre homme – deux gestes de « trahison » amoureuse a priori semblables – ne relève pas de la même « philosophie ». Autrement dit, chez Garrel, les fluctuations de l’amour relèvent du sérieux des conceptions de l’existence. Incarnée par deux acteurs à fleur de peau, Mouglalis et Garrel, tandis que Rebecca Convenant est toute en retenue, cette confrontation confère à la Jalousie son subtil pouvoir d’attraction.

Cinéma
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