« Gloria », de Sebastian Lelio : Un bel âge de la vie

Gloria, de Sebastian Lelio, un portrait de femme libre.

Christophe Kantcheff  • 20 février 2014 abonné·es

Le film a remporté un succès extraordinaire au Chili, au point de devenir un phénomène de société. S’identifier à Gloria, le personnage éponyme du film de Sebastian Lelio, est devenu monnaie courante. Même la présidente de la République, Michelle Bachelet, a revendiqué le fait d’être une « Gloria ».

Les films retentissants sociologiquement sont souvent beaucoup plus modestes au plan cinématographique. Ce n’est pas le cas de Gloria, même si le film reste dans un registre psychologique. Cette chronique sur une femme approchant la soixantaine, divorcée depuis longtemps, en quête de l’amour et du bonheur, est surtout l’occasion pour Sebastian Lelio de composer un portrait d’une grande justesse. La liberté de Gloria est trop peu partagée par les hommes qu’elle rencontre. C’est le cas par exemple de Rodolfo (Sergio Hernandez), avec lequel Gloria engage une histoire sérieuse, séparé de sa femme et pourtant encore étroitement lié à elle et à ses filles. Dans la lignée d’une Gena Rowlands (la Gloria de Cassavettes), Paulina Garcia est remarquable en amante passionnée – les scènes de sexe, avec des corps non juvéniles, sont très réussies – et en femme qui s’expose aux désillusions. Elle compose une Gloria tour à tour très séduisante et très banale, héroïne (avec ses lunettes « de star ») et quotidienne, au seuil de la vieillesse, qu’elle refuse d’envisager comme une suite d’abandons, ainsi que les représentations sociales ont trop tendance à l’imposer.

Cinéma
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