La mystique de la croissance

Dans l’entourage présidentiel, beaucoup d’économistes et d’hommes d’affaires adhèrent à ce culte du court terme.

Thierry Brun  • 13 février 2014 abonné·es

« L’offre crée la demande. » L’incantation de François Hollande lors de sa conférence de presse du 14 janvier renvoie au mythe de la croissance et à la croyance que celle-ci serait la clé de la prospérité et du progrès. Ce dogme, le président de la République en a fait l’enjeu de son mandat : la France doit retrouver la croissance « la plus vigoureuse possible ». Dans l’entourage présidentiel, beaucoup d’économistes et d’hommes d’affaires adhèrent à ce culte du court terme. Or, de prestigieuses institutions ainsi que des mouvements autour de la décroissance et de la post-croissance indiquent qu’il faudra accepter l’idée que la croissance économique, énergivore et au bilan écologique catastrophique, ne reviendra pas. L’action publique écarte l’idée que ce n’est pas une mauvaise nouvelle pour l’emploi et le climat. La sortie de la croissance illimitée, symbole du productivisme, a fait l’objet de nombreux ouvrages, d’études mondiales reconnues. Une commission sur la mesure des performances économiques et du progrès social a été créée en 2008, avec en son sein deux prix Nobel (Joseph Stiglitz et Amartya Sen), et a mis en cause le produit intérieur brut (PIB), mesure phare de la croissance économique, comme indicateur de performance et de progrès. Un Forum pour d’autres indicateurs de richesse (Fair), avec notamment Jean Gadrey et Dominique Méda, a proposé des solutions de transition ainsi que des recommandations en 2009. Des pistes toujours absentes du débat public.

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