Najdovski : « Le seul projet écologiste pour Paris »

Le fort pic de pollution de l’air pourrait inciter des habitants de la capitale à voter EELV.

Patrick Piro  • 20 mars 2014 abonné·es

L’affrontement Hidalgo-NKM ne laisse que des miettes aux autres candidats dans les sondages. Christophe Najdovski, tête de liste Europe écologie-Les Verts (6,5 % des intentions de vote), peine à valoriser un programme original.

**Est-ce une stratégie utile pour les écologistes, qui ont été plutôt bien considérés par Bertrand Delanoë, que de se présenter seuls au premier tour dans la capitale ?

Christophe Najdovski :** La question m’est posée de manière récurrente. Il faut savoir que les écologistes sont partis en autonomes à la municipale parisienne en 2001 et en 2008, et qu’en 2014, de même, nous avons des listes EELV dans tous les arrondissements. Il est normal d’affirmer la place de l’écologie lors d’un tel scrutin et de recueillir l’avis des électeurs. Ce ne sont pas d’éventuels accords d’appareils qui peuvent jouer ce rôle.

**Pourtant, en 2008, les écologistes n’ont pas vu leur influence municipale traduite dans les urnes…
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Nous sommes revenus à notre étiage parce qu’il existait une forte volonté, chez les Parisiens, de voir Bertrand Delanoë reconduit pour un deuxième mandat. Et même si je considère que son bilan est bon, et qu’Anne Hidalgo se situe dans sa continuité, ce n’est pas pour autant que nous partageons le même projet. Anne Hidalgo n’est pas écologiste. Sous un vernis vert, elle n’apporte pas de vraies réponses aux lourds problèmes d’environnement auxquels Paris doit faire face.

C’est particulièrement flagrant avec le grave épisode de pollution de l’air que nous venons d’affronter. D’un côté, nous avons Nathalie Kosciusko-Morizet, ex-ministre UMP qui a instauré le bonus-malus « écologique » automobile qui a avantagé les voitures diesel, dont les émissions sont les premières responsables de la pollution aux particules fines. Et, de l’autre, Anne Hidalgo… restée silencieuse pendant plus d’une semaine !

Dans les discours, tout le monde est écolo ; dans les actes, c’est autre chose. J’ai réclamé pendant une semaine la gratuité des transports en commun puis la mise en place de la circulation alternée, finalement établie à partir de lundi17. Mesures nécessaires mais tardives et insuffisantes en l’absence d’une politique de fond s’attaquant aux causes mêmes de la pollution.

Cette inaction est coupable alors que la gravité exceptionnelle de la situation, au plus haut sur l’échelle d’intensité, a un fort impact délétère sur la santé publique. Les masques tombent : à Paris, le seul projet écologiste est bien celui que j’ai l’honneur de porter.

**Vous visez particulièrement la candidate socialiste. Sur quels points de votre programme entendez-vous vous différencier auprès des électeurs ?
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Dans cette élection parisienne à portée indéniablement nationale, le vote Hidalgo ne risque pas d’envoyer un message d’avertissement au gouvernement, dont on ne peut pas dire que l’action nous satisfasse.
Je défends pour ma part une vision bien distincte pour Paris. Par exemple, la candidate socialiste veut favoriser les voitures électriques, en offrant un an d’abonnement gratuit à Autolib pour les jeunes conducteurs et en autorisant ces véhicules à circuler sur les couloirs de bus. Ces derniers en seront ralentis, ce qui incitera les usagers à se détourner des transports en commun ! Est-ce cela que l’on appelle un nouveau projet de mobilité ?

Pour ma part, je compte m’attaquer à l’anomalie, unique en France, de cette voie expresse qui traverse Paris de part en part. Un plan de circulation qui date de Pompidou ! Je propose de la remplacer par une ligne de tram est-ouest qui se prolongerait hors de Paris, et dont les extrémités seraient dotées d’aires de stationnement pour les automobilistes.

Je m’oppose aussi au projet de tour Triangle, porte de Versailles : 90 000 mètres carrés presque exclusivement pour des bureaux, alors que Paris compte 1,5 million de mètres carrés de bureaux vides ! Voilà encore une initiative qui va déséquilibrer l’est et l’ouest de la capitale, augmenter les transports dans la ville, etc. Au lieu de cela, je propose de convertir de nombreux bureaux vides en logements, dont la capitale manque cruellement.

**Vous pourriez vous maintenir au second tour dans le XXe, voire dans plusieurs arrondissements. Imaginez-vous possible d’y passer des accords avec les listes Parti de gauche ?
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Il est acquis que nous passerons avec les socialistes un accord global à Paris. Il revient donc au PS et au Parti de gauche de déterminer s’il en sera de même entre eux. Quant au contenu et aux priorités programmatiques que nous comptons défendre pour le second tour, nous verrons le moment venu. Parmi les priorités, il y aura la question du logement, du transport et bien sûr de la santé environnementale. Après le scandaleux épisode de la pollution de l’air que nous venons de vivre, je ne me satisferai pas d’un accord mollasson.

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