Jihad : « Tous les humains finiront en enfer… »
Un centre de prévention vient en aide aux familles de jeunes qui rejoignent la Syrie. Sa fondatrice, Dounia Bouzar, témoigne.
dans l’hebdo N° 1321 Acheter ce numéro

Dans un café, à Paris. Dounia Bouzar est installée entre l’ordinateur qu’elle a mis à charger et une tasse de cappuccino. Son téléphone ne cesse de vibrer sur la table. « Une mère vient de m’appeler. Son fils est sur le départ. Ils habitent Marseille. Il a une arme dans un sac. Une voiture l’attend en bas de chez eux », lâche-t-elle rapidement. La fondatrice du Centre de prévention contre les dérives sectaires liées à l’islam (CPDSI) ^2 a commencé comme éducatrice à la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ). Pour elle, les jeunes qui partent en Syrie relèvent d’abord de l’enfance en danger.
« Une “équipe physique” l’attend en bas de chez lui », précise Dounia Bouzar au chef de police qui tente d’intervenir à Marseille. Problème : le jeune est majeur. Impossible de le bloquer à la frontière. « Dans ces cas-là, les forces de sécurité tentent de l’intercepter, de lui parler… De retarder son départ. » La première demande des parents, c’est : « Empêchez-les de partir ! » Le fait que les jeunes soient repérés, fichés, leur importe peu. « Leur priorité, c’est de protéger leur enfant. » Dounia Bouzar se félicite de certaines mesures du plan Cazeneuve, comme la création d’un numéro Vert [^3], qui était une demande des parents, et le rétablissement de l’autorisation de sortie du territoire pour les mineurs, supprimée en 2012. « Mais cette mesure est récente, combien sont partis avant ? Et comment fait-on pour les majeurs ? » Et sur le reste de la loi, les dérives possibles « à la Patriot Act » ? « Tant que Marine Le Pen n’est pas au pouvoir… », souffle cette anthropologue.
Quels signaux d’alerte ?Le CPDSI a trois missions : prévenir les discours sectaires, suivre les familles et les processus de
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