Mineurs isolés étrangers : Une vie de galère

Ces enfants qui arrivent en France sans famille, sans ressources et souvent sans papiers, on les voit de plus en plus comme des migrants avant de les considérer comme des enfants en danger.

Ingrid Merckx  • 12 mars 2015
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Mineurs isolés étrangers : Une vie de galère
© Photo : AFP PHOTO / ALBERTO PIZZOLI

En danger et étrangers. Cette double qualité place les mineurs isolés étrangers (MIE) dans une situation complexe. Jeunes Roms dans les années 1980, Algériens dans les années 1990, puis Afghans, Syriens, Tunisiens, Maliens… Les mesures se succèdent pour ces enfants qui arrivent en France sans famille, sans ressources et souvent sans papiers. Mais on les voit de plus en plus comme des migrants avant de les considérer comme des enfants en danger. Au point de les soupçonner de fraude. D’où la généralisation des tests osseux visant à « évaluer » leur minorité. La présomption de majorité est devenue la règle, facilitant un tri entre les jeunes, dont la moitié sont exclus de l’Aide sociale à l’enfance et se retrouvent à la rue. La France a déjà été épinglée par le Conseil de l’Europe et le Défenseur des droits dans ce dossier. Mobilisés depuis plusieurs mois pour dénoncer cette situation, des MIE et les associations qui les soutiennent manifestaient encore le 7 mars à Paris.

Le dispositif Versini, visant en 2003 à repérer ces mineurs pour les mettre à l’abri, a quasiment disparu depuis 2012. Et la disparité des prises en charge est telle qu’un jeune peut être « majeur » dans un département et « mineur » dans un autre… Une pétition circule pour faire interdire ces tests, outil détourné de son objectif médical pour servir une politique d’exclusion, tandis qu’une réelle prise en charge médicale relève aujourd’hui de l’engagement militant. Quel accueil réserve-t-on à ces jeunes isolés, passés par des chemins terribles pour arriver en France ? Comme en témoignent ceux que Politis a rencontrés à Valence, les galères ne s’arrêtent pas aux frontières. Et quelles solutions pour les majeurs ? Car la rue, ça n’est pas beaucoup mieux à 18 ans qu’à 17.

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