Frédéric Lordon : « L’impossibilité d’un autre euro entre dans les esprits »
L’économiste Frédéric Lordon défend une sortie de l’euro qui bouleverserait le système bancaire et s’attaquerait au capitalisme.
dans l’hebdo N° 1368 Acheter ce numéro

© Bicanski/Getty Images/AFP
Frédéric Lordon fait le point sur les positions de la gauche radicale européenne après la signature de l’accord du 13 juillet par Alexis Tsipras, et revient sur la question de la souveraineté [^2].
Pour la gauche radicale européenne, le choc de l’accord du 13 juillet signé par Alexis Tsipras a été rude, au point qu’un débat a été lancé autour d’un sommet du plan B. N’est-il pas un peu tardif ?
Frédéric Lordon : Un dicton populaire bien connu répond idéalement à votre question : mieux vaut tard que jamais ! Ce dessillement tardif relève d’une terrible carence d’abstraction : certaines personnes avaient besoin d’aller au bout de la catastrophe concrète pour entendre enfin ce qui leur était dit sur un mode abstrait. Il leur a fallu le spectacle du réel catastrophique pour réaliser l’ampleur de la catastrophe qui leur était dessinée en idées – dont on vérifie ici plus que jamais la tragique absence de force intrinsèque. Bref, il aura fallu le désastre Tsipras en grandeur nature pour que l’impossibilité d’un « autre euro » commence à entrer doucement dans les esprits… Pendant tout ce temps de lente maturation intellectuelle, ce sont les peuples qui continuent de payer la note. La gauche a perdu cinq ans. C’est ainsi. On ne va pas rester non plus à pleurer sur le lait renversé. Une initiative se présente qui, en tout cas sur le papier, a tout d’une rupture stratégique.
Les termes de ce débat sur un plan B vous semblent-ils nécessaires et suffisants ?
Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’on manque pour l’heure de détails. Si bien qu’on
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