Syrie : les attentats accélèrent un rapprochement entre la France et la Russie

Politis.fr  • 19 novembre 2015 abonné·es
Syrie : les attentats accélèrent un rapprochement entre la France et la Russie
© Photo: STR / POOL / AFP

Un débat feutré se mène depuis plusieurs jours sur une éventuelle inflexion de la politique française en Syrie. Une inflexion qui se traduirait par un rapprochement avec Moscou à la suite des attentats de Paris. Si cette évolution est incontestable, elle est également le fait de la Russie.

D’abord engagée dans une campagne de bombardements qui visait presque exclusivement les rebelles anti-Assad mais épargnait Daech, la Russie a récemment recentré ses frappes sur les positions de cette organisation à Rakka, au nord est du pays. Par ailleurs, la Russie ne semble plus exclure de reconnaître une partie des rebelles et de favoriser ses contacts avec le régime. Ce que Damas semble accepter. Les forces rebelles et l’armée du régime ont en effet entamé des discussions visant à conclure une trêve temporaire dans le Ghouta orientale, une zone tenue par les rebelles.

Entamées mercredi, ces négociations — les premières entre les deux parties — sont sans aucun doute la conséquence du revirement opéré par la Russie. « Une ouverture des russes que nous pensons sincère » , a commenté jeudi matin sur France Inter Laurent Fabius. Une « adaptation » , a-t-il ajouté « que nous vérifierons le 26 novembre » lors d’une rencontre avec Vladimir Poutine. Les discussions devraient se concentrer autour d’une « grande coalition unique » contre l’EI (Daech), quelques jours après la rencontre entre François Hollande et Barack Obama.

On peut penser que cette évolution de la position russe fait suite à la destruction par Daech de l’avion de la compagnie Metrojet, au dessus du Sinaï, le 31 octobre. S’il y a bien eu tournant de la politique russe, il est tout aussi vrai qu’il y a une nette inflexion de la position française. Laurent Fabius a réaffirmé jeudi que « Bachar ne peut pas être le futur de la Syrie » , tout en jugeant constructif le processus ébauché lors de la conférence de Vienne, qui prévoit une « transition démocratique » après « un processus allant vers un cessez-le-feu général sous l’égide du Conseil de sécurité des Nations unies » . Ce qui revient à considérer, au moins tacitement, que le départ immédiat de Bachar Al-Assad ne serait plus prioritaire. Etonnant paradoxe : ce sont les attentats de Daech qui ont accéléré le rapprochement franco-russe.

Politique Monde
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…