«Nuit debout», acte de naissance d’un mouvement inédit
Plusieurs milliers de personnes ont lancé une occupation de la place de la République, à Paris, à l’issue de la manifestation contre la loi travail.

Un cercle s’est formé sous une bâche qui prend le vent. Une centaine de personnes détrempées font circuler un mégaphone, qui peine à percer le brouhaha ambiant. « Des tours de parole de 2 minutes et la priorité à ceux qui n’ont pas encore parlé ! », cadre un organisateur.
Dans l’assemblée, ni drapeaux ni mots d’ordre, à l’exception de quelques brassards blancs barrés d’une inscription au marqueur noir, « Nuit debout ». L'auditoire se tient en rangs serrés et utilise une gestuelle empruntée aux « Indignés » espagnols, pour voter ou marquer son approbation sans perturber l’écoute.
À l'ordre du jour, beaucoup de questions : « Comment fait-on pour rester ici ce soir ? Comment gagne-t-on cette bataille ? » Les échanges tournent autour des moyens d'action et des stratégies à mettre en place, pour amplifier le mouvement social né depuis un mois de la contestation contre la loi travail.
« Nous devons aller à la rencontre des gens moins politisés, dans le métro », lance une intervenante. « Il faut faire de nos manifs des moments festifs et animés, pour que les gens ne viennent plus seulement pour dire leur colère », ajoute un autre.
« Après la manif, on ne rentre pas chez nous »La pluie, qui n’a laissé aucun répit aux manifestants durant l’après-midi, se calme peu après 18 heures et la place se noircit de monde au fil des minutes. Des distributions de nourriture, une infirmerie et des stands s’organisent sous une dizaine de tente et les débats commencent, par grappes, autour d’un mégaphone ou d’une sono.
Un camion-scène hurlant du hard rock déboule du boulevard Voltaire, pendant qu’une fanfare déambule dans la foule en chantant « Merci patron ! », en référence au film de François Ruffin et de l'équipe du journal Fakir. Ces derniers étaient à l'origine d'une assemblée, le 23 février, destinée à réfléchir collectivement à « comment les faire chier » et donner une suite à l’engouement rencontré par le film. Réunion d'où est venu le mot d'ordre « Nuit debout » et cette idée simple : « Après la manif, on ne rentre pas chez nous. »
Ce qui nous uni, c’est qu’on en a marre de ce système, lance un jeune homme au milieu d’une
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