Urgence sur la maladie de Lyme

Les pathologies transmises par des tiques sont sous-diagnostiquées et pas assez prises en charge en France, alertent 100 médecins dans L’Obs. Ils réclament de meilleurs tests diagnostic et le lancement de recherches sur les maladies vectorielles à risques.

Ingrid Merckx  • 13 juillet 2016
Partager :
Urgence sur la maladie de Lyme
© Photo: Tique dans l'attente d'une proie sur laquelle il va s'accrocher (Joël Bricout / Biosphoto).

Cent médecins sonnent l’alarme : « Madame la ministre il y a urgence, écrivent-ils dans L’Obs du 14 juillet. Vous annoncez un plan d’action national contre la maladie de Lyme pour septembre 2016. C’est un premier pas timide vers la reconnaissance officielle de la maladie de Lyme chronique. » Cette maladie transmise par des piqûres de tiques est mal reconnue en France, sous-diagnostiquée et sous prise en charge alors qu’elle provoque des pathologies qui se confondent avec d’autres symptômes et peuvent dégénérer : syndromes grippaux, douleurs musculaires, grande fatigue, troubles cardiaques et neurologiques… D’autres pays comme l’Allemagne ou les États-Unis ont mis des protocoles en œuvre depuis plusieurs années.

Cet été, du fait d’un hiver doux et pluvieux, les tiques sont beaucoup plus nombreuses. Et donc, le risque de contracter une borréliose par le biais d’une ou plusieurs bactéries de la famille des Borrelia que laisse une tique en se décrochant s’est accru. Toutes les tiques ne sont pas porteuses d’une Borrelia. Mais des appels à la vigilance et aux premiers gestes à effectuer – retirer la tique avec un tire-tique et désinfecter dans les douze heures suivant la piqûre si possible, consulter un médecin en cas de symptômes et d’une marque en forme d’anneau sur la peau – circulent dans les laboratoires et centres de santé. Malgré cela, les malades chroniques peinent à faire reconnaître leur situation et les complications engendrées. Il y a deux semaines, Politis avait mis en garde contre ce problème sanitaire.

LIRE > Maladie de Lyme, nouvelle psychose ou prochain scandale sanitaire ?

Le 18 juin, Matthias Lacoste, 33 ans, atteint de la maladie de Lyme depuis des années et ne pouvant plus subvenir aux besoins de sa famille, s’est mis en grève de la faim. L’Obs raconte l’histoire d’un adolescent de 15 ans interné en psychiatrie et alité un an avant que des antibiotiques puissants ne viennent faire diminuer ses douleurs liées à une maladie de Lyme non détectée.

Emmenés par le professeur Christian Perronne et chef du service infectiologie de l’hôpital de Garches (93), et la _Fédération française contre les Maladies vectorielles à Tiques, ces cent médecins réclament :

  • Des financements publics pour améliorer les tests de diagnostic, actuellement non fiables. Des plaquettes officielles du gouvernement prétendent par exemple que le test actuel dépiste 100% des maladies de Lyme dans leur forme articulaire. C’est faux.

  • La prise en compte de la détresse morale majeure mais aussi socio-professionnelle de ces patients en errance diagnostique pendant plusieurs mois ou années. Certains sont obligés de dépenser des fortunes pour se faire soigner à l’étranger. D’autres choisissent le suicide. Ces patients doivent pouvoir avoir accès au statut de l’affection longue durée (ALD) et au remboursement à 100% de leurs traitements.

  • L’arrêt des poursuites contre les médecins qui ne suivent pas les recommandations officielles (consensus de 2006) pour soigner leurs patients.

  • La prise en compte des récentes données scientifiques afin d’aboutir à un nouveau consensus thérapeutique adapté.

  • La création d’unités hospitalières spécialisées Lyme avec, à terme, des instituts labellisés, aussi bien pour la recherche fondamentale que pour la recherche clinique.

  • Des financements publics pour la recherche sur les maladies vectorielles à tiques.

Santé Police / Justice
Temps de lecture : 3 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Fanny Gollier-Briant : « Il faut absolument repolitiser la souffrance des jeunes »
Entretien 16 juillet 2025 abonné·es

Fanny Gollier-Briant : « Il faut absolument repolitiser la souffrance des jeunes »

La pédopsychiatre au CHU de Nantes considère le « plan psychiatrie » présenté en juin par le gouvernement largement insuffisant, alors que les chiffres sur la santé mentale des adolescents et des jeunes adultes sont extrêmement inquiétants.
Par Elsa Gambin
Le réalisateur David Moreau accusé de viol, une information judiciaire ouverte
Justice 10 juillet 2025 abonné·es

Le réalisateur David Moreau accusé de viol, une information judiciaire ouverte

La technicienne ayant porté plainte pour viol contre le cinéaste lors du tournage de King (2020) a appris, cinq ans plus tard, son classement sans suite, au terme d’une enquête lacunaire dont Politis révèle des éléments exclusifs. Après une nouvelle plainte avec constitution de partie civile, une information judiciaire vient d’être ouverte.
Par Hugo Boursier
Terrorisme d’extrême droite : derrière le site d’AFO, Alain Angelini, soutenu par le RN en 2020
Enquête 10 juillet 2025 abonné·es

Terrorisme d’extrême droite : derrière le site d’AFO, Alain Angelini, soutenu par le RN en 2020

L’homme, alias Napoléon de Guerlasse, est l’administrateur du site Guerre de France, qui servait au recrutement du groupe jugé pour association de malfaiteurs terroriste. Militant d’extrême droite soutenu par le parti lepéniste aux municipales de 2020, son absence au procès interroge.
Par Pauline Migevant
« Les députés qui voteront pour la loi Duplomb voteront pour le cancer »
Entretien 7 juillet 2025 abonné·es

« Les députés qui voteront pour la loi Duplomb voteront pour le cancer »

Porte-parole de l’association Avenir Santé Environnement, Franck Rinchet-Girollet est le père d’un enfant de 8 ans en rémission d’un cancer. Il exhorte les députés à voter contre la très contestée loi Duplomb, votée mardi 8 juillet à l’Assemblée nationale.
Par Pierre Jequier-Zalc