Penelope Fillon, au-delà de sa pudeur…

Pour la nouvelle formule du _Journal du dimanche_, l’opération de communication de Penelope Fillon s’étale sur une double page.

Christophe Kantcheff  • 8 mars 2017
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Penelope Fillon, au-delà de sa pudeur…
© Photo : MUSTAFA YALCIN / ANADOLU AGENCY / AFP

Il convient désormais, lorsqu’un journal lance une nouvelle formule, de mettre en une la femme d’un candidat à la présidentielle. Brigitte Trogneux, épouse Macron, pour L’Express ; Penelope Fillon pour le Journal du dimanche du 5 mars, réalisant ainsi un scoop puisque celle-ci s’y exprimait publiquement pour la première fois depuis le début de ses ennuis judiciaires. L’opération de communication, autre nom pour ce genre de journalisme, s’étale sur une double page. Une interview qui a réuni, face aux journalistes, la principale intéressée, son conseil, Me Pierre Cornut-Gentille, et la cheffe de la communication du candidat, Anne Méaux, pour une libre conversation, en toute décontraction, au cabinet de l’avocat, à l’heure du déjeuner.

Si, dans les pages suivantes, un article livrant l’essentiel des auditions de l’enquête préliminaire s’avère accablant, ledit entretien est agrémenté d’une brève introduction en forme d’aimable portrait, signée de l’un des deux intervieweurs, Anna Cabana. On y apprend que Mme Fillon a nettoyé la table une fois que tout ce petit monde a avalé sandwiches et barquettes de salade. « Je peux vous débarrasser ? », a-t-elle demandé « en regardant ses mocassins en daim ». Et la journaliste de préciser : « C’est tout juste si elle ne tire pas sur la robe chemise à carreaux qui lui arrive pourtant sous les genoux. » Subtile remarque, qui a pour but d’incarner dans un geste prosaïque, mais non effectué, l’humilité et la pudeur de la châtelaine du manoir de Beaucé. Et qui permet à notre Saint-Simon du 72 (Sarthe) de soigner son effet, avec cette phrase d’anthologie : « Cependant, quand elle se fait la violence de planter ses yeux cerclés de lunettes rondes dans les vôtres pour affronter vos questions, elle oublie d’être soumise à sa pudeur. »

Ah, combien de représentantes de la gent féminine « soumise[s] à [leur] pudeur » n’auraient pas cette capacité à se transcender ! « On découvre une femme qui, derrière une réserve que l’on croyait apeurée, planque (sic) une force étrange. » Voilà Penelope métamorphosée en lionne : « Sauvage en dépit de la bonne éducation. Solide malgré ses lèvres timides. » Touche finale : « Chez elle, rien ne larmoie. » Un roc derrière une apparence fragile : on vend les mêmes chromos chez Leader Price.

Culture
Temps de lecture : 2 minutes
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