25 millions d’oiseaux massacrés chaque année sur le pourtour méditerranéen

Un rapport consternant de BirdLife International fait le point sur un scandale qui dure depuis des années.

Claude-Marie Vadrot  • 11 novembre 2017
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25 millions d’oiseaux massacrés chaque année sur le pourtour méditerranéen
© photo : MENAHEM KAHANA / AFP

Une enquête de terrain de l’association BirdLife International de 2015 estimait que chaque année, dans les pays du pourtour européen, 25 millions d’oiseaux sont tués illégalement. Il s’agit essentiellement de migrateurs faisant un aller-retour entre l’Europe et l’Afrique ou le Moyen-Orient.

Dans sa revue d’automne magnifiquement illustrée, L’Oiseau Magazine, numéro n° 128, la Ligue pour la protection des oiseaux donne quelques extraits du résultat de ces investigations. Avec ce commentaire : « La surexploitation est la deuxième menace d’extinction des oiseaux migrateurs à l’échelle mondiale après la perte ou la dégradation des habitats principalement causée par les cultures intensives. » Le bilan est en effet assez effarant.

Le record du massacre pour les pays de l’UE, où de très nombreuses espèces sont pourtant protégées par des directives européennes et des lois nationales, est actuellement détenu par l’Italie, où 5,6 millions d’oiseaux sont chassés illégalement chaque année. Ensuite, si l’on considère la petite population de ces deux nations européennes, ce sont les îles de Malte et de Chypre qui abritent le plus de braconniers, puisque le bilan (hors chasse légale) y est respectivement de 1,2 et 2,3 millions d’oiseaux abattus ou piégés chaque année.

Pièges, tirs et filets

Les méthodes diffèrent selon les pays ou les espèces : les grands rapaces sont généralement tués au fusil pour être transformés en ornements une fois naturalisés ; les petits oiseaux sont attrapés dans des pièges à glu ou dans des filets dressés en travers de leurs zones de repos nocturne. Ils alimentent ensuite un commerce local ou, comme à Chypre, les restaurants, qui réalisent chaque année plusieurs millions d’euros de bénéfices sur ce type de plat très demandé. Une partie des plus grands rapaces, notamment des aigles ou des faucons sont, eux, capturés vivant et ensuite « exportés » au Moyen-Orient où ils sont vendus entre 20 000 et 30 000 euros.

En dehors des pinsons des arbres qui fournissent chaque année un contingent d’un million de victimes dans ce pourtour méditerranéen, les volatiles les plus pourchassés sont les oiseaux d’eau, les milans royaux, les perdrix, les grives musiciennes, les rouges-gorges ou les fauvettes à tête noire. Sans oublier quelques espèces moins connues mais considérées comme « en danger ». Sans oublier que, dans tous ces pays de l’Union européenne, il existe en plus une chasse légale pour les oiseaux non protégés.

C’est le cas de la France. Dans notre pays, si le nombre des oiseaux tués illégalement a régressé au cours des dernières années et atteint « seulement » 500 000 par an, il faut rappeler que dans le même laps de temps, d’après les chiffres de l’Office national de la chasse, les chasseurs ont abattu 14,5 millions d’oiseaux…

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