Manifeste : la nécessaire contribution des universités au développement de l’économie sociale et solidaire

Le Réseau inter-universitaire de l’économie sociale et solidaire appelle à la mobilisation des université au service d’une autre économie. Politis publie son manifeste.

Politis  • 7 février 2018
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Manifeste : la nécessaire contribution des universités au développement de l’économie sociale et solidaire
© Photo : Romy Arroyo Fernandez / NurPhoto

Créé en 2000, le Réseau inter-universitaire de l’économie sociale et solidaire, le RIUESS, compte plus d'une trentaine d'universités et s'ouvre largement à l'international. Il permet aux enseignants et chercheurs francophones de diverses disciplines – économie, sociologie, gestion, droit, communication, sciences politique, géographie… – de confronter leurs travaux et d'enrichir leur offre de formation.
Le RIUESS contribue à alimenter trois principaux enjeux de l’économie sociale et solidaire (ESS) :

Le questionnement sur l’identité de l’ESS

Pour le RIUESS, l’identité de l’ESS représente un objet de recherche à part entière et donc de formation pour l’université. En effet, les activités qui relèvent de l’ESS se diversifient en même temps que les pouvoirs publics tentent de stabiliser la définition du secteur.

Cette question identitaire demeure donc entière, comme le révèle la tension entre ceux qui désignent ainsi un mode d’entreprendre autrement et ceux qui affirment plus largement que l’ESS est un mode d’agir autrement : produire mais également autoproduire, consommer, épargner, apprendre, décider, etc., autrement.

La co-construction des savoirs

Le RIUESS a fait de la proximité sociale et géographique avec les territoires une de ses valeurs centrales. Il entend ainsi dépasser les théories économiques « hors-sol » par l’implication des chercheurs, sans les inscrire dans une posture d’expert en charge du pilotage des mutations du secteur. En ne se réduisant pas à une approche critique surplombante, les rapports noués avec les acteurs se veulent plus symétriques.

La conception des formations offertes dans le réseau découle de ce positionnement : les recherches se nourrissent de formations construites le plus souvent au plus près des besoins des territoires, en liens directs avec les acteurs de l’ESS, tout en venant les alimenter. Il s’agit tout autant de professionnaliser les étudiants que de contribuer à une société plus démocratique et plus écologique par la mobilisation d’une réflexion critique.

L’affirmation de la portée démocratique de l’ESS

Comme d’autres acteurs de l’ESS, les membres du RIUESS alimentent le débat public et facilitent la co-construction de politiques publiques innovantes. Ils contribuent ainsi à un renforcement de la démocratie. De même, que ce soit dans leurs travaux ou dans les formations qu’ils portent, les chercheurs du RIUESS reconnaissent d’emblée la dimension collective et démocratique des organisations de l’ESS.

Ce principe différencie ces dernières des entreprises privées à but lucratif et des entreprises publiques. A cette reconnaissance de la pluralité des entreprises est associée une conception plurielle de l’économie. Celle-ci n’est pas réductible au marché mais prend également en compte le rôle central de la redistribution et de la réciprocité dans la vie économique.

La recherche et la formation universitaires sont des composantes à part entière du dynamisme de l’ESS, c’est pourquoi elles ont besoin de la reconnaissance pleine et entière des pouvoirs publics. C’est l’intention même de ce manifeste.

La version longue du manifeste est disponible sur www.riuess.org

Publié dans
Tribunes

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