Une Palme d’or des familles
Le palmarès de la soixante et onzième édition du Festival de Cannes reflète la bonne tenue de la compétition. Malgré quelques erreurs dommageables.
dans l’hebdo N° 1504 Acheter ce numéro

Le palmarès du festival de Cannes 2018 privilégie-t-il les œuvres à message, désireuses de tenir un discours sur un sujet grave, plutôt que celles qui se distinguent par leur mise en scène ? Comme le répète en substance Thierry Frémaux, le délégué général, à chaque conférence de presse annonçant la sélection, « les films du festival donnent des nouvelles du monde » (et non pas : « des nouvelles du cinéma »). En outre, le jury, tous les ans composite, réunit des personnalités dont la cinéphilie est inégale et diverse. La focalisation sur le plus petit dénominateur commun, le contenu de la narration, plutôt que sur les formes employées pour la déployer paraît inévitable. D’où les frustrations ressenties par ceux qui tiennent le cinéma pour davantage qu’un porte-voix de causes à défendre.
Le palmarès concocté par le jury que Cate Blanchett a présidé suscite quelques-unes de ces frustrations. La première : l’absence de Leto, du Russe Kirill Serebrennikov. Une proposition originale, retrouvant l’esprit des pionniers de la scène rock en URSS, au début des années 1980, qui s’opposaient à l’héroïsation nationale obligatoire sous Brejnev. Autre oubli dommageable : Le Poirier sauvage, du Turc Nuri Bilge