À Grenoble, Benoît Hamon livre un discours fondateur

Le créateur de Génération.s veut s’imposer comme un anti-Macron. A l’occasion du discours de clôture de la convention de Génération.s, il a enjoint les députés à ne pas se rendre au Congrès de Versailles.

Agathe Mercante  • 1 juillet 2018 abonné·es
À Grenoble, Benoît Hamon livre un discours fondateur
© Photo : Le fondateur de Génération.s s'est présenté comme l'anti-Macron, lors du discours de la convention de Grenoble. ( Marie Pouzadoux pour Politis).

Les bisbilles avec les écologistes d’Europe Écologie-Les Verts et les désaccords de fond avec la France insoumise n’y changeront rien : Benoît Hamon, candidat malheureux à l’élection présidentielle, a rappelé qu’un an plus tard, il restait une figure majeure de la gauche française. Au dernier jour de la convention de son mouvement Génération.s – anciennement M1717 – il a prononcé devant ses militants un discours fondateur.

C’est sur une ligne en opposition totale avec la politique menée par Emmanuel Macron que le fondateur de Génération.s a dénoncé l’action du gouvernement sur la question des migrants. Fustigeant l’hypocrisie du président de la République, qui « reçoit le héros Mamoudou Gassama à l’Elysée quand il sauve un enfant et en même temps, laisse des enfants qui sont les futurs Mamoudou Gassama à la dérive sur un bateau au milieu de la Méditerranée ».

Un sujet particulièrement sensible pour Benoît Hamon, qui a, en préambule, rappelé le nombre de 34 361. « Ce nombre, publié par le Guardian il y a quelques jours, c’est celui des femmes, des hommes, des enfants morts en tentant de rejoindre l’Europe », s’est-il indigné.

L’anti-Macron

Une dénonciation constitutive de l’identité du mouvement que son fondateur a défini en trois mots : « L’écologie, l’Europe, l’égalité. »

C’est, précisément, sur l’accueil, la solidarité, l’économie que BenoÎt Hamon s’oppose à la politique gouvernementale. « C’est dans ces moment là que je me dis que notre différence irréductible avec Emmanuel Macron, estime-t-il, c’est que définitivement, comme l’écrivait Guy Debord : Nous, contrairement à lui, “nous ne voulons plus travailler au spectacle de la fin du monde, mais à la fin du monde du spectacle” . »

Dans un discours très à gauche, le fondateur de Génération.s, s’est indigné du train de vie et des symboles utilisés par le président de la République, de son affection pour Versailles – où il a reçu plusieurs chefs d’Etats – au récent achat, par l’Elysée, d’un service de table à 400 000 euros.

« Se prendre pour Louis XIV dans un monde aussi complexe ne produit aucun effet », a-t-il lancé, sous les applaudissements de ses militants. Baisse des revenus des retraités, des APL, effets d’annonce sur les aides sociales. « La réalité, c’est qu’Emmanuel Macron n’est dur qu’envers les plus faibles », a estimé Benoît Hamon. Et d’aller plus loin, qualifiant le « macronisme » de « racisme social ».

Monsieur Macron, quand on mange chaque jour, sur fonds publics, dans des assiettes dont chacune vaut un RSA, on évite l’indécence de critiquer le “pognon de dingue” que coûte le RSA quand celui-ci ne permet même pas à des millions de français de manger à leur faim.

Devant une assitance de plusieurs centaines de personnes, l’ancien ministre n’a pas caché son indignation :

Une vie de palais et la politique qui va avec. En témoigne la deuxième convocation des deux assemblées (Assemblée nationale et Sénat), réunies en Parlement par Emmanuel Macron la semaine prochaine. « Je le dis aux députés de la gauche démocrate, et aussi aux démocrates de la droite : n’allez pas à Versailles », a exhorté Benoît Hamon, dénonçant un « déni de démocratie ».

Un discours opposé au macronisme politique, mais aussi à l’idéologie libérale dont le président de la République est le représentant. « On assiste à un repli identitaire généralisé partout où le néolibéralisme a soustrait à la délibération citoyenne les questions économiques, sociales et écologiques », a dénoncé le fondateur du mouvement. « Oui, veut-il croire, Génération-s est l’antidote à la peste néolibérale et à la lèpre nationaliste à la fois. »

Un discours anniversaire pour la jeune formation politique qui, bien que peu visible, voit les choses en grand. « Ils croyaient que le mouvement du 1er juillet était la rêverie du promeneur solitaire alors que nous lançons la bataille de la multitude. Ils ont compris que nous sommes un mouvement incontournable. Une foule joyeuse, bruyante et surtout, surtout, déterminée », a lancé l’ancien candidat socialiste à la présidentielle, à ses partisans joyeux et bruyants. Pour ce qui est de la détermination, les semaines et les mois à venir le diront.

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