La France insoumise met en lumière les quartiers populaires

Près de 800 personnes ont assisté aux Rencontres nationales des quartiers populaires ce dimanche. L’occasion d’aborder les problématiques rencontrées et d’échanger sur les bonnes pratiques.

Agathe Mercante  • 19 novembre 2018
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La France insoumise met en lumière les quartiers populaires
© Photo : Jean-Luc Mélenchon lors de la convention nationale de la France insoumise, le 25 novembre 2017 (Thierry Zoccolan / AFP)

Entre les tables disposées en étoile autour d’une scène centrale, il déambule, arborant un visage souriant. Éric Coquerel a réussi son pari. À l’initiative du député insoumis de la première circonscription de Seine-Saint-Denis se sont tenues les premières Rencontres nationales des quartiers, dimanche 18 novembre, à l’espace Lumière d’Épinay-sur-Seine. Près de 800 personnes – essentiellement des militants de La France insoumise – ont participé à ces rencontres destinées à discuter des problématiques que rencontrent ces citoyens. Discriminations territoriales, discriminations sociales, inégalités dans l’accès au droit… Durant sept heures, les participants ont travaillé sur les thématiques propres aux quartiers. Travaux interrompus par plusieurs prises de paroles de témoignages associatifs (ATD Quart monde, SOS Stop Homophobie, Vérité et Justice pour Adama) et politiques : Clémentine Autain, Danièle Obono et Jean-Luc Mélenchon.

Dans un discours d’une trentaine de minutes essentiellement orienté sur la question du logement, le leader de La France insoumise a couvert largement le sujet, prônant un lutte renforcée contre les marchands de sommeil, louant les réquisitions publiques – « la réquisition n’est pas faite pour les chiens » – et rappelant l’histoire des cités. « Les gens vivaient dans l’idée que cette vie serait meilleure, mais n’avaient pas vocation à y rester. »

Un constat massivement partagé par les associations, qu’elles soient présentes ou non à ces rencontres. Et d’appeler les habitants des quartiers à s’auto-organiser, à la condition que ces associations de citoyens soient non-violentes, inclusives et « positives ». « Nous faisons déjà beaucoup d’actions collectives », constate Jean-Baptiste Eyraud, fondateur du DAL. « J’ai trouvé son discours intéressant sur les politiques d’urbanisme, il a été clair sur les outils qui font la gentrification », estime-t-il.

À la recherche des 600 000 voix manquantes

Certains participants restent pourtant sur leur faim. « Il aurait aussi pu mettre l’accent sur l’éducation », explique José, enseignant dans un lycée professionnel de Dreux (Eure-et-Loir). « Jean-Luc Mélenchon a identifié le logement, mais il aurait aussi bien pu parler d’éducation, de cartes scolaires qui permettent une vraie mixité, de l’accès aux loisirs… », détaille Medhi, membre d’une association Jeunesse et éducation populaire de Valenciennes (Nord). Dans sa région, fortement touchée par le chômage et la précarité, il lutte contre ce qu’il nomme « la cassos-phobie ». Comprendre : la phobie des cas sociaux. « Ça prendra du temps, mais il faut qu’on écoute les quartiers », explique-t-il.

Autour de la table où il est assis, plusieurs militants tendent l’oreille, acquiescent, parfois. Comme lui, beaucoup sont des sympathisants, voire des militants de La France insoumise et sont venus parler des quartiers où ils vivent, mais aussi pour se former. « Aux habitants, nous voulons proposer des solutions », abonde Agnès, professeure des écoles dans le Nord de la France. Un partage de bonnes pratiques, et une manière, affichée, de repolitiser ces quartiers désertés depuis des années par les représentants de l’État (police mise à part).

Car, affirment les Insoumis, ces 600 000 voix qui ont manqué à Jean-Luc Mélenchon pour atteindre le second tour de l’élection présidentielle, se trouvent dans les quartiers populaires. Alors, lentement, sans échéance électorale et avec le souci de bien faire, les Insoumis investissent ces espaces. Mais ceux à qui l’on a tant promis sont rétifs à se laisser convaincre : « Les quartiers populaires ne sont pas une réserve de points », rappelle Omar Slaouti, porte-parole du collectif antiraciste « Rosa Parks ». Et Assa Traoré d’enfoncer le clou : « Je veux voir ce qu’il va se passer demain. »

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