« True Meanings », de Paul Weller : en clair-obscur

True Meanings est l’album le plus intimiste de Paul Weller.

Jacques Vincent  • 20 novembre 2018 abonné·es
« True Meanings », de Paul Weller : en clair-obscur
© photo : Nicole Nodland

Les albums de Paul Weller devraient toujours sortir en automne. Ses chansons sont en accord parfait avec le mélange de mélancolie et d’indolence qui caractérise cette saison et ce sentiment de perte de l’été annonçant des jours gris. Un sentiment qui traverse aussi toute cette soul que Weller vénère depuis toujours et à laquelle il emprunte encore ici quelques frissonnements de cordes.

Non seulement True Meanings ne déroge pas à la règle, mais il baigne entièrement dans une atmosphère de lumière déclinante de fin du jour. C’est un album de coin du feu, de douce chaleur, presque entièrement acoustique si l’on excepte quelques claviers comme l’orgue, le piano électrique ou le mellotron. Mais ce sont les cordes qui tiennent le premier plan, guitares sèches, avec des arrangements très présents, un peu trop appuyés par endroits, qui font regretter qu’on ne s’en tienne pas aux frémissements déjà évoqués. Et puis bien sûr, au centre, on devrait dire au cœur, il y a la voix de Paul Weller, profonde et empreinte de la douce tristesse d’un crépuscule naissant.

Ce qui ne déroge pas non plus à une règle ancienne chez le chanteur, c’est l’habitude de s’entourer d’une foule de musiciens, qui va des habitués Steve Cradock ou Andy Crofts à des légendes de la scène anglaise comme Rod Argent, clavier des Zombies puis leader d’Argent, Martin Carthy, musicien folk qui a joué avec Steeleye Span, ou Danny Thompson, entendu entre autres aux côtés d’Alexis Korner et au sein de Pentangle. Comme une fraternité musicale trans­générationnelle.

Finalement, on retrouve donc tous les ingrédients qui constituent depuis toujours l’écriture de Paul Weller, mais dans un parti pris monochrome qui risque de surprendre aux premières écoutes. Et on aura besoin de se reposer sur les compositions les plus saillantes pour cheminer tout au long des quatorze titres qui constituent ce disque en clair-obscur. « The Soul Searchers », et ses guitares en picking, en ouverture ; le très intense « Gravity » ; « Bowie », hommage à David Bowie, coécrit avec Erland Cooper du groupe Erland and the Carnival ; « Wishing Well », qui rappelle Neil Young, duquel Weller reprenait « Ohio » sur scène il y a quelques années ; ou le magnifique « Movin On ».

Quelques clés d’entrée parmi d’autres dans un disque qui, par son caractère exclusivement intimiste, ne ressemble à aucun autre album de Paul Weller.

True Meanings, Paul Weller, WEA.

Musique
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