« Des femmes enceintes sont testées positives au Covid-19 »
Série #lesdéconfinés sur Politis.fr. Le monde est en pause, mais eux continuent de s’activer. En ces temps d’épidémie, découvrez ceux qui ne sont pas confinés. Aujourd’hui, Claire, 29 ans, auxiliaire de puériculture.

Je vais bien. Je serai soulagée lorsque nous serons équipés puisque pour l’instant, nous n’avons pas encore les masques FFP2 qui filtrent 100% des projections. Avec le plan Blanc activé, et le pic prévu dans quelques jours, les cadres nous ont dit qu’on fera probablement six nuits sur sept. Sans repos la semaine suivante. Je suis auxiliaire de puériculture, je travaille la nuit et principalement en salle d’accouchement et en soin intensif néonatal. Mais là, je pourrais aussi aller dans tous les services, même les adultes… Les semaines à venir vont donc être longues et pénibles, moralement et physiquement. Mais pour le moment, je vais bien.
Les changements importants face à cette crise ont démarré lundi avec des mesures d’isolement pour des parents suspectés de Covid-19, comme la mise en place de salles dédiées pour ces personnes afin de limiter la propagation. Il y aussi des directives plus strictes concernant la prise en charge : une personne seulement rentre dans la chambre pour voir le patient. Mais nous voyons que c’est encore en rodage. Par exemple, il y a encore quelques erreurs dans la prise en charge, car souvent les femmes nous parlent de l’accouchement imminent, et n’abordent qu’après leurs symptômes type Covid 19.
Il y a surtout l’interdiction de la présence du papa en suite de couches, c’est-à-dire tout au long de l’hospitalisation après l’accouchement. C’est une consigne que nous avons reçue mardi. Elle est propre à notre hôpital : les autres ont chacun leur protocole. Certains interdisent la présence du papa pendant l’accouchement, d’autres n’ont rien changé, ce qui pousse de nombreuses femmes à aller accoucher ailleurs (et elles ont raison). Moi, j’ai découvert cette consigne mardi 17, en prenant mon poste. Nous avons dû prévenir tous les jeunes parents de cette décision, ce n’était pas facile. Les réactions allaient des pleurs aux cris, même à la violence. Et beaucoup d’angoisse de la part des mamans, voire de remise en cause de leur capacité à affronter l’épreuve**. Pour nous, c’est très difficile de demander aux papas de se séparer de leur compagne et de leur bébé**, alors que c’est leur premier moment de vie ensemble.
Mes proches me soutiennent beaucoup. Ma seule crainte, c’est d’être fatiguée et donc moins vigilante. J’apprécie beaucoup tous les témoignages de la population et les applaudissements à 20 heures. Mais il y a beaucoup trop de personnes dehors. Le respect du personnel soignant passera par le respect du confinement. Plus que par les mots, les actes.
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