Chapelle-Darblay, un modèle industriel vertueux
Près de Rouen, la papeterie produisait du papier 100 % recyclé jusqu’à sa fermeture, en juin. Les salariés se mobilisent pour la poursuite et la transformation de leur activité.
dans l’hebdo N° 1624 Acheter ce numéro

O n a les clés de l’usine, on est encore chez nous ! », glisse avec malice Arnaud Dauxerre, en ouvrant la porte de l’unité de désencrage de la papeterie Chapelle-Darblay, à Grand-Couronne (Seine-Maritime). Représentant du collège des cadres au CSE (comité social et économique), il ne se lasse pas de faire visiter cette « cathédrale du recyclage » et d’expliquer le circuit du papier récolté, trié, désencré, recyclé. « Avant, il faisait une chaleur quasi tropicale, et c’était très bruyant ! », raconte-t-il devant la machine qui ôtait l’encre et les impuretés des fibres de nos papiers du quotidien. Aujourd’hui, seuls les courants d’air, le silence de plomb et les vestiges de papier habitent les lieux. Il y a un an, le propriétaire, l’entreprise finlandaise UPM, a mis en vente l’usine qui a cessé son activité en juin dernier. « Au-delà de la casse industrielle, nous assistons à la casse d’un savoir-faire. Ici, on démontait et remontait nous-mêmes les pièces des machines, des rouleaux, pour les ajuster et améliorer la qualité du papier », précise Arnaud Dauxerre, les yeux rivés sur ces énormes cylindres désormais figés. Pour le moment, aucun repreneur ne semble intéressé par ce site, mais les « Pap Chap » – surnom des salariés – ne s’avouent pas vaincus.
Debout depuis quatre-vingt-dix ans, la papeterie était la seule à produire du papier journal 100 % recyclé en France. Elle pourrait devenir l’emblème