Les pas de Valls toujours plus à droite
En France, en Espagne et en Israël, on retrouve à intervalles réguliers l’ancien Premier ministre, systématiquement dans des sphères conservatrices.
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L’omniprésence de Manuel Valls dans le paysage médiatique français ces derniers temps ne laisse pas la place au doute. Alors que des voix hurlantes mènent une guerre sans merci contre la nuance, la raison et l’expertise, l’ancien Premier ministre semble ravi de retrouver un terrain de jeu qui lui est familier. Car cette hystérisation des débats à la française, il l’affectionne autant qu’il la maîtrise : « Expliquer, c’est déjà vouloir un peu excuser », déclarait-il, après les attentats de janvier 2015, sur les questions relatives à la « radicalisation ». Une rhétorique qui pourrait symboliser à elle seule la longue dérive droitière de l’ancien député-maire socialiste d’Évry.
Numéro d’équilibristeAnalyser le parcours politique de Manuel Valls se révèle être un exercice à part entière, tant l’homme a multiplié les prises de position contradictoires depuis vingt ans. « J’ai milité pour le non, je voterai pour le oui », déclarait-il en 2005 à l’occasion du référendum sur la Constitution européenne. Comme un présage. Mais c’est davantage son numéro d’équilibriste lors des primaires socialistes de 2011 que la gauche garde en mémoire : alors qu’il mène une campagne de droite et qu’il termine l’exercice avant-dernier (avec moins de 6 % des votes), il opère un changement de cap spectaculaire.
Éric Fassin, sociologue et professeur à l’université de Paris-8, auteur de Populisme : le grand ressentiment (Textuel, 2017), explique : « Manuel Valls est passé maître dans l’art de transformer la défaite dans les urnes en victoire tactique et de soutenir ses adversaires “comme la corde soutient le pendu”. Lors de la primaire citoyenne de 2011, il a aussitôt accordé son soutien au favori, arrivé en tête au premier tour : François Hollande. »
Une stratégie