Sleeping Giants : Couper les vivres aux vecteurs de haine
Les militants de Sleeping Giants interpellent les entreprises qui diffusent leurs publicités dans des organes proches de l’extrême droite, en jouant sur leur image de marque.
dans l’hebdo N° 1661 Acheter ce numéro

© Thomas SAMSON / AFP
B onjour LEGO Group, avez-vous vu votre publicité sur le site de Valeurs actuelles ? Savez-vous que ce média, déserté par les annonceurs, a été condamné pour provocation à la haine raciale et qu’un autre procès est en cours ? Sûrement pas des “valeurs” à inculquer aux enfants… » Les messages postés sur les réseaux sociaux par les -Sleeping Giants – « les Géants endormis » – sont tous construits sur ce modèle interrogatif. Avec un ton bienveillant mais très explicite, ce collectif citoyen de lutte contre les discours de haine alerte chaque entreprise dont la publicité apparaît sur des médias vecteurs de tels discours.
Car, sur Internet, les annonceurs achètent à des régies des espaces publicitaires par volume, sans savoir exactement où va atterrir leur réclame et à quel contenu elle sera associée. Une fois avertie, l’entreprise est donc invitée à se positionner et, par conséquent, à assumer d’être sciemment associée au contenu ou à décider de s’en écarter. L’immense majorité choisit la seconde option. Progressivement, les médias visés se vident de leurs annonceurs et se voient donc privés d’une manne financière.
Nés aux États-Unis dans la foulée de l’élection de Donald Trump, les Sleeping Giants – collectif « bénévole, anonyme et informel » selon Daniel, l’un des cofondateurs de la branche française, ouverte en 2017 – se vantent d’avoir fait déserter 1 700 annonceurs de sites et de chaînes TV véhiculant des « discours de haine, xénophobes, misogynes ou homophobes qui ont fleuri dès l’élection de Donald Trump ». Leur première cible : Breitbart News, chaîne d’extrême droite dirigée par Steve Bannon, conseiller stratégique du président Trump. Kellogg’s annonce son retrait, de même que BMW,