« France », de Bruno Dumont : « Ce qui m’intéresse, c’est l’intérieur des êtres »
Bruno Dumont emprunte une nouvelle voie avec _France_. Par le biais d’une journaliste vedette d’une chaîne d’info en continu, aux pratiques sans scrupule et outrancières, le cinéaste scrute les affres de l’âme humaine.
dans l’hebdo N° 1668 Acheter ce numéro

© RogerArpajouu00a93B
Le personnage interprété par Léa Seydoux, France de Meurs, est la journaliste star d’une chaîne d’information en continu. A priori, le regard au vitriol, presque farcesque, est incontestable. Premier exemple : la manière dont France manipule la réalité dans ses reportages à divers coins chauds du globe, fabriquant du mensonge dont la seule vedette est elle-même. Autre exemple : les « punchlines » au cynisme et à la vulgarité sans limites débitées au kilomètre par l’assistante de France, Lou (Blanche Gardin). Pour autant, le film ne se concentre pas sur la critique des médias. Ou, plus exactement, il ne s’en satisfait pas.
Car le film ne reste pas à l’extérieur de l’univers qu’il montre. Bruno Dumont déploie les atouts du cinéma qui consistent à créer du frottement, de la contradiction et de l’empathie pour aller davantage au fond des choses. Ainsi, France n’est pas seulement traitée comme l’emblème d’une profession en perdition. Marchant sur une ligne de crête entre son irrépressible soif de vedettariat et une lucidité qui l’amène au bord de la dépression, le personnage ne cesse d’alterner sourires carnassiers et larmes. Passant des décors aux couleurs criardes des studios de télévision à son immense appartement au luxe lugubre et sombre (la double face de Janus), France semble en permanence maquillée d’une poudre blanche, comme un clown triste. Léa Seydoux est très
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