« Ne pas choisir entre un bon et un mauvais peuple »
Le sociologue Raphaël Challier s’interroge sur les moyens de reconnecter à l’engagement politique les personnes issues de milieux populaires.
dans l’hebdo N° 1690 Acheter ce numéro

© LOIC VENANCE/AFP
La gauche a échoué. Malgré ses grands discours et ses promesses, aucun des mandats qu’elle a portés n’a permis de renouveler les pratiques. Au contraire, les milieux populaires, pourtant largement instrumentalisés, sont plus que jamais éloignés des lieux de pouvoir décisionnel. Aucune assemblée nationale ou locale, aucune direction partisane, même au sein des collectifs voulant rénover la politique, ne permet l’émergence d’une représentation satisfaisante des milieux populaires. Ce constat offre la vision d’un indépassable problème.
Pourtant, dans les interstices des mobilisations populaires, à l’échelle d’une ville, d’une association, d’un syndicat ou d’un rond-point, des marges de manœuvre se dégagent. Raphaël Challier étudie avec précision ces espaces de création militante. Il en tire constats et réflexions pour tenter de laisser émerger ces aspirations diverses et contradictoires. Au-delà des grands discours politiques, le salut viendra du terrain.
À gauche, les politiques ont souvent pensé que la justice sociale, la redistribution ou la lutte contre les inégalités sont des valeurs inhérentes aux classes populaires, alors qu’ils n’arrivent plus à mobiliser ces classes. Comment l’expliquer ?
Raphaël Challier : Les spécialistes du politique ont surtout tendance à imaginer que les gens adhèrent à leur groupe parce qu’ils ont lu Marx ou Adam Smith, qu’ils se mobilisent sur des logiques scolastiques et scolaires, celles de la petite bourgeoisie diplômée. En réalité, les logiques sociales qui poussent les gens à se mobiliser sont infiniment plurielles et contradictoires.
La dimension liée à la place centrale de la voiture parle très peu aux classes moyennes culturelles.
J’ai rencontré, en milieu rural, des jeunes mères célibataires, dont certaines issues de la communauté des gens du voyage, candidates pour le Rassemblement national. Pourquoi ? Simplement parce que, localement, le RN a été le premier acteur politique à les considérer et à les présenter sur une liste.
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