Aides sociales : ceux qui renoncent à leurs droits
La fermeture de services publics et la dématérialisation à marche forcée des procédures administratives ont renforcé le non-recours aux prestations. Au risque de graves difficultés.
dans l’hebdo N° 1691 Acheter ce numéro

Un paradoxe. C’est ce que révèlent les résultats d’une recherche collaborative que Politis a pu consulter avant que ses conclusions ne soient rendues publiques au printemps prochain. Le bénéficiaire d’une aide peut être prioritaire dans l’octroi de ce soutien… et finalement y renoncer. Ce sont les travaux conjoints de scientifiques (de l’université Paris-8 en particulier), d’associations du secteur du handicap et de l’urgence sociale (Samu social de Paris, Armée du salut, APF France handicap…) et d’organisations de personnes sans-abri qui ont permis de mettre au jour ce phénomène.
Alors que les personnes porteuses de déficiences motrices ou sensorielles comptent parmi les publics prioritaires de l’hébergement d’urgence lorsqu’elles vivent à la rue, elles renoncent à ce droit, établit ainsi l’enquête. « Notre hypothèse de départ s’est révélée fausse, décrypte Stéphane Rullac, professeur en innovation sociale à la Haute École de travail social et de la santé de Lausanne, qui a dirigé l’étude. Les personnes aveugles, sourdes ou à mobilité réduite qui vivent à la rue peuvent tout à fait entrer dans un accueil d’urgence. Mais comme, une fois admises, elles constatent que rien n’a été pensé pour elles, elles sont déçues. Elles sortent alors du dispositif et ne veulent plus entendre parler d’urgence sociale. » Survient donc chez ces personnes un refus « postérieur irréversible », un non-recours que Stéphane Rullac qualifie de « non-retour ».
40 % des potentiels bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire ne l’utilisent pas.
Menée en 2019 et 2020, en réponse à un appel à projets de la Fondation internationale de la recherche appliquée sur le handicap (Firah), cette enquête
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