Cinéphilie d’été

Plusieurs éditions DVD et Blu-ray mettent en valeur des films plus ou moins célèbres mais tous passionnants.

Christophe Kantcheff  • 20 juillet 2022 abonné·es
Cinéphilie d’été
« Le Désert rouge », chef-d’œuvre de Michelangelo Antonioni, avec Monica Vitti.
© Archives du 7eme Art/Photo12/AFP

L’été est une bonne période pour aborder aussi certains rivages cinématographiques, via l’édition récente en DVD ou blu-ray. Par exemple, Peter Bogdanovich, cinéaste du Nouvel Hollywood, quoique moins célèbre que ses collègues Martin Scorsese ou Brian de Palma, a réalisé un film qu’un très large public a vu : The Last Picture Show (La Dernière Séance), réalisé en 1971. Vingt ans plus tard, il en a signé la suite, Texasville, qui a cette particularité de reprendre exactement la même distribution, Jeff Bridges et Cybill Shepherd en tête.

Les deux films sont extrêmement liés, au point que Quentin Tarantino, en cinéphile averti, suggère de les regarder dans un même mouvement. Dans un supplément, Jean-Baptiste Thoret pointe le constat que Peter Bogdanovich effectue d’un film à l’autre : pour les Américains, le cinéma a perdu sa place centrale en tant qu’espace commun d’émotions et de rêveries. Du même Bogdanovich sont aussi édités une adaptation du roman d’Henry James Daisy Miller (1974) et un film hommage à Buster Keaton, The Great Buster : une célébration (2018).

De Michelangelo Antonioni, outre Chronique d’un amour (1950), Le Désert rouge, l’un de ses chefs-d’œuvre, bénéficie d’une superbe version restaurée en blu-ray. L’occasion de retrouver Monica Vitti, décédée au début de cette année, dans le rôle de la femme d’un industriel, héroïne névrosée. De même, dans les suppléments, on trouvera un superbe texte paru dans Les Cahiers du cinéma au moment de la sortie du film, en 1964, que l’on doit au regretté Jean-Louis Comolli, disparu il y a quelques semaines.

Lire > Jean-Louis Comolli : L’émancipation par le cinéma

Hong Sang-soo est un cinéaste très prolifique. Certains disent même qu’il réalise trop de films. Ainsi Pierre Rissient, homme de l’ombre mais fondamental dans le cinéma, qui a pourtant misé très tôt sur le cinéaste coréen et participé à son éclosion sur la scène internationale. C’est ce que rapporte Nicolas Pariser dans un bonus passionnant du DVD d’Introduction, Ours d’argent du meilleur scénario à la Berlinale 2021. Emmanuel Mouret et le critique Jean-François Rauger complètent les suppléments de cette excellente édition DVD d’un film curieux et stimulant, comme toujours avec Hong Sang-soo.

Pas suffisamment connu, et pourtant reconnu puisque couronné de l’Ours d’or à la Berlinale de 1977, L’Ascension (1976) est un film de la réalisatrice ukrainienne Larissa Chepitko, morte quelque temps après à 41 ans dans un accident. Chepitko fait partie de cette génération de cinéastes qui ont renouvelé à l’écran l’approche de l’histoire aussi bien russe que soviétique, à laquelle appartiennent Alexeï Guerman, Andreï Tarkovski et Elem Klimov, l’époux de Chepitko. L’action se déroule pendant la Seconde Guerre mondiale. Deux partisans sont faits prisonniers par les Allemands, mais l’un et l’autre se conduisent dans cette situation de façon radicalement différente.

Le film, magnifique plastiquement, outre qu’il montre des Soviétiques collaborant avec l’ennemi, a une dimension mystique évidente, toutes choses qui ne pouvaient plaire aux autorités.

Texasville, Daisy Miller, The Great Buster, Peter Bogdanovich, DVD et Blu-ray, Carlotta.

Le Désert rouge, Chronique d’un amour, Michelangelo Antonioni, DVD et Blu-ray, Carlotta.

Introduction, Hong Sang-soo, DVD, Capricci.

L’Ascension, Larissa Chepitko, Blu-ray, Potemkine.

Cinéma
Temps de lecture : 3 minutes